La médecine traditionnelle remonte à des millénaires, elle a évolué au fur du temps à la médecine scientifique moderne que nous connaissons. Cette médecine traditionnelle basée sur la saignée, les plantes et l’acupuncture trouve encore des adeptes même parmi les médecins et pharmaciens. Certaines facultés enseignent encore ces méthodes artisanales sous le nom de "médecine alternative" qui est par définition "l’ensemble de pratiques thérapeutiques dont l'efficacité n'est pas démontrée".
Profitant d’un vide juridique, ce commerce a connu un grand essor depuis le début de ce siècle. La publicité sur internet manipule les consommateurs en proposants le zinc, le cuivre, le magnésium, le miel, l’ail, le safran, le gingembre, la cannelle, le curcuma, le fenugrec, et j’en passe, comme traitement de l’arthrose, de l’HTA, du diabète, ou du cancer … et comme dit le proverbe "le noyé s'accroche à un brin de paille".
Durant la pandémie de covid, les fabricants proposaient des centaines de recettes comme traitement miracle, il s’est avéré par la suite qu’elles ne sont plus qu’un faux espoir pour les patients et une perte d’argent. À noter que ces produits sont plus chers que les médicaments et ne sont pas remboursables par les assurances.
En 2022 : les ventes de compléments alimentaires ont progressé en France de 3% pour s’établir à 2,58 milliards d’euros selon le syndicat national des compléments alimentaires [synadiet.org]. Le marché européen a atteint une valeur de 30 milliards d’euros. La Chine et le Japon représentent un tiers du marché mondial, avec des revenus estimés respectivement à 16,3 milliards d’euros et 7,27 milliards d’euros en 2023 [blog.armor-proteines.com]
Malgré les centaines de publications sur cette «médecine parallèle» aucune preuve irréfutable ne justifie aujourd'hui la prescription des compléments alimentaires. Certains disent que la «médecine douce» est moins toxique que les médicaments mais encore une fois rien ne le prouve. Les effets indésirables des plantes et minéraux dans ces compléments alimentaires sont parfois graves à long terme, on a rapporté des cas d’hépatites mortelles, d’allergie et autres. La créatine (protéines animales), les compléments hyperprotéinés, les dérivés de l’acide aristolochique (plante chinoise) et la vitamine C à hautes doses peuvent entraîner une insuffisance rénale aiguë ou chronique. On ne connait pas toujours les effets sur la grossesse ni chez l'enfant.
Actuellement, plusieurs organismes appellent à réglementer ce commerce florissant de compléments alimentaires, et à informer les consommateurs des dangers potentiels, d’autant plus que la loi n’exige pas la présence de notice dans la boite.
Une monographie de plantes médicinales de l'union européenne contient l'avis scientifique sur les données relatives à la sécurité et à l'efficacité de la substance végétale et de ses préparations destinées à un usage médical [ema.europa.eu]
Parce que les bases de données européennes de référence ne sont pas toutes accessibles en français, l’Agence nationale de sécurité de l’alimentation, de l’environnement et du travail [anses.fr] vient de publier une base de données francophone portant sur 118 plantes médicinales présentes dans des compléments alimentaires, base qui sera régulièrement enrichie et actualisée.
L’Anses préconise également aux professionnels de santé de se former à la sécurité et l’usage des plantes contenues dans les compléments alimentaires. De plus, elle leur rappelle qu’il est essentiel de déclarer d’éventuels effets indésirables au dispositif de nutrivigilance.
Un complément alimentaire, comme son nom l’indique, est d’abord une denrée alimentaire. Toutes les substances commercialisées sous forme de gélules, poudre ou sirop peuvent également être consommées grâce à un régime alimentaire équilibré à base de légumes et fruits. |
BIBLIOGRAPHIE :
- Monographie des plantes médicinales de l’union européenne (ema.europa.eu)
- Fiches monographiques de la phytothérapie (vidal.fr)
- Agence nationale de sécurité de l’alimentation, de l’environnement et du travail (anses.fr)
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