Tired man Le Burnout est un mot anglais (du verbe to burn out) qui signifie saturation ou épuisement.
Ce terme désigne le "syndrome d’épuisement professionnel". C'est une maladie professionnelle caractérisée par un ensemble de symptômes et de modifications du comportement.

Les atteintes psychologiques et physiques sont très variables : fatigue chronique surtout au réveil, sensation d’épuisement, douleurs ou plaintes symptomatiques tels que :

  • douleurs musculo-squelettiques, en particulier le mal de dos,
  • désordres psychosomatiques tels que des troubles gastro-intestinaux et ulcère gastro-duodénal dans certains cas,
  • manifestations classiques du stress associées à des manifestations de transpiration ou d’angoisse,
  • rythme cardiaque rapide

Le syndrome d’épuisement professionnel est associé à des taux de cortisol plus élevé durant la journée de travail. On a même observé une élévation de cholestérol, de triglycéride, de l’acide urique, des anomalies de l’électrocardiogramme et de diabète, avec une prédisposition aux risques cardio-vasculaires.
Les manifestations comportementales sont variées :

  • au niveau de l’individu : tristesse, désespoir, anxiété, syndrome dépressif et parfois une tendance suicidaire, des répercussions familiales (divorce) et sociales (isolement, agressivité).
  • Sur le plan professionnel : le burnout contribue à augmenter l’insatisfaction au travail et à diminuer l’engagement. Il contribue à la détérioration des relations entre collègues et clients.
  • Les médecins à l’épuisement professionnel élevé répondent moins aux questions des patients, les négligent davantage et commettent des erreurs par perte de concentration.

Emergency physicians accumulate more stress factors than other physicians–results from the French SESMAT study
M Estryn-Behar, M-A Doppia, K Guetarni, C Fry, G Machet, P Pelloux, I Aune, D Muster, J-M Lassaunière, C Prudhomme
Emergency Medicine Journal; May 2011; 28:397-410

La France connaît une pénurie de médecins. Le milieu de l’urgence est fortement impacté par ce phénomène. Les facteurs démographiques en sont principalement responsables. Mais il faut garder à l’esprit que les services d’urgences sont la première ligne de soin et par là même un lieu de concentration des souffrances physiques et/ou psychiques. Cela y rend le travail épuisant, usant…
Un questionnaire a été élaboré afin d’évaluer par un système de cotation, la satisfaction dans le travail, la santé, et les conditions d’exercice. 3196 médecins ont répondu à ce questionnaire dont 538 urgentistes. Afin d’éviter tout biais, 1924 médecins ont été tirés au hasard dans la base de donnée.
Les résultats montrent qu’il y a 42,5% de femmes et 57,5% d’hommes. 8,2% de la population a moins de 35 ans, 33,8% 35-44 ans, 34,5% 45 – 54 ans et 23,6% plus de 55 ans.
17,4% des médecins français se disent prêt à quitter la profession. Le phénomène est encore plus marqué chez les urgentistes: 21,4%.  L‘épuisement professionnel est fréquemment souligné par les praticiens avec respectivement 42,4% et 51,5%. Pour les urgentistes, le conflit famille-travail et la pauvreté du travail d’équipe sont associés à l’épuisement professionnel. On note logiquement que l’épuisement professionnel double le risque de quitter la profession.
Les auteurs concluent qu’il devient nécessaire d’améliorer l’équilibre travail-famille, de développer le travail collaboratif, de mettre en place des équipes pluri-disciplinaires et d’organiser des formations de service.


Burn-out élevé chez les réanimateurs et les urgentistes : prévalence et facteurs de risques
K Belkhouja (1); H Elloumi (2); K Sifaoui (1); K Ben Romdhane (1); O Hamzaoui (1); T Ayech (1); J Ben Khelil (1); M Besbes (1).
(1) Service de Réanimation Médicale, Hôpital A. Mami, Ariana, Tunisie; (2) Service de Psychiatrie, Hôpital Razi, Mannouba, Tunisie.

  • Introduction : L’épuisement professionnel ou «burnout», est un syndrome psychologique en réponse à l’exposition chronique, au milieu de travail, aux facteurs de stress. Les soignants, notamment ceux qui gèrent les pathologies aiguës et graves, tels que les médecins réanimateurs et urgentistes, sont particulièrement exposés au risque de ce syndrome. Le but de ce travail est de déterminer la prévalence et les facteurs de risques du burnout chez le personnel médical de réanimation et des urgences.
  • Matériels et Méthodes : L’étude a été réalisée à l’aide d’un questionnaire distribué à 14 services de réanimation et 12 services des urgences. Le niveau de burnout a été évalué en utilisant le score de « Maslach Burnout Inventory » (MBI). Une analyse multivariée en régression logistique pas à pas a été réalisée afin de déterminer les facteurs de risque indépendants de burnout élevé.
  • Résultats : Sur les 271 médecins auxquels le questionnaire a été envoyé, 211 (104 médecins travaillent dans les services de réanimation et 107 médecins aux urgences) ont répondu, soit un taux de réponse à 77,8 %. Un niveau de burnout élevé a été retrouvé dans 79,1 % des cas et ce, sans différence significatives selon le grade du médecin (p = 0,112). Le désir de changer de métier a été exprimé dans 39,8 % des cas et celui de changer de lieu de travail dans 60,1 % des cas. Parmi les 137 médecins en cours de formation ou déjà confirmés dans leur spécialité, 50 (37 % des cas) avaient souhaité changer de spécialité et ce désir était significativement plus élevé chez les médecins ayant un burnout élevé (50,3 % vs 18,2 % ; p < 10-3). En analyse multivariée, 5 facteurs ont été identifié comme facteurs indépendants prédictifs de survenu du burnout élevé : le sexe féminin (OR = 6,03 ; IC95% : 2,15-16,92), le statut marital célibataire (OR = 4,8 ; IC95% : 1,57-15,05), la mauvaise relation avec les infirmiers (OR = 8,86 ; IC95% : 1,08-72,74), la mauvaise relation avec l’administration (OR = 3,97 ; IC95% : 1,53-10,25) et la dépression (OR = 7,16 ; IC95% : 2,79-18,40). Deux facteurs ont été identifié comme protecteurs de survenu de burnout élevé : la possession d’un moyen de transport personnel (OR = 0,33 ; IC95% : 0,11-0,99) et la couverture du salaire des charges et des dépense (OR = 0,27 ; IC95% : 0,09-0,78).
  • Conclusion : Un niveau élevé de burnout est présent chez 79% des médecins de réanimation et des urgences. Des facteurs organisationnels et socio-économiques sont à l’origine de survenue de burnout élevé. L’amélioration des conditions et de l’ambiance de travail ainsi que des conditions socio-économique peuvent diminuer le risque de survenu de ce syndrome.

Prévalence du Burnout en médecine générale: Enquête nationale auprès de 221 médecins généralistes du réseau Sentinelles
Clémentine VAQUIN-VILLEMINEY, Thèse Faculté de médecine René Descartes PARIS 5, 2007

pdf1 http://www.urps-ml-corse.com/0_enquetes/burnout/these_burnout.pdf

  • Contexte : Le burnout se définit par un épuisement émotionnel, une dépersonnalisation de la relation à l’autre et une diminution de l’accomplissement personnel. Il touche de 45% à 66% des médecins généralistes suivant les pays. Aucune étude française n’a été réalisée à l’échelon national.
  • Objectifs : Mesurer la prévalence et déterminer les facteurs de risque du burnout chez les médecins généralistes français en 2006.
  • Méthodes : Enquête nationale transversale par auto-questionnaire électronique anonyme associant le Maslach Burnout Inventory (MBI) et des renseignements socio-démographiques et professionnels, auprès des 1367 médecins généralistes du réseau Sentinelles.
  • Résultats : 221 médecins ont répondu (taux de réponse 16.1%). Les résultats du MBI montraient que 27.1% des répondants avaient un score d’épuisement émotionnel élevé, 32.6% avaient un score de dépersonnalisation de la relation élevé et 27.1% avaient un score d’accomplissement personnel bas. 51.6% des médecins étaient en burnout : 24.4% avaient une atteinte faible, 19% avaient une atteinte modérée et 8.14% avaient une atteinte sévère (les trois scores du MBI étant pathologiques). L’enquête a montré que la participation à une activité de recherche ou à un groupe Balint favorise l’accomplissement personnel (p<0.05). L’analyse multivariée a démontré que le sexe féminin est protecteur de la dépersonnalisation, l’existence d’un secrétariat médical diminue l’épuisement émotionnel, et ne faire aucune garde est associé au burnout.
  • Conclusion : Le burnout touche la moitié des généralistes en France. Cette réalité doit être portée à la connaissance de tous par la diffusion de programmes d’information et de prévention.

 Pour en savoir plus : 

Epuisement professionnel ou burnout : Dossier INRS

Repérage et prise en charge cliniques du syndrome d’épuisement professionnel ou burnout
Haute Autorité de Santé (HAS) mars 2017