Recommandations 2025 de SFMU (Société Française de Médecine d'Urgence) et SRLF (Société de Réanimation de Langue Française) .

La dyspnée aiguë est une situation fréquente en médecine d'urgence et sa prise en charge rapide et efficace est essentielle pour améliorer le pronostic des patients.
En cas de dyspnée aiguë, les recommandations de la SFMU préconisent une évaluation rapide et une prise en charge initiale en fonction de la gravité des symptômes, incluant l'évaluation de l'état respiratoire, la saturation en oxygène, et la nécessité d'une oxygénothérapie ou d'une ventilation. En cas de détresse respiratoire, une intervention médicale urgente, voire une réanimation, peut être nécessaire.

1. Évaluation de la gravité dès la régulation (Zone préhospitalière)
R1.1.1 (Accord Fort, avis d’expert)
Lors de l'appel de régulation, rechercher les signes suivants nécessitant une équipe médicalisée :
• Tachypnée > 25 cycles/min
• Balancement thoraco-abdominal, incapacité à finir ses phrases
• Cyanose, sueurs, confusion ou troubles de conscience
• Recommandation : utiliser la visiophonie si possible pour améliorer l’évaluation

2. Organisation diagnostique et orientation
• Les recommandations s'appuient sur une approche PICO avec une quarantaine d’études évaluées selon GRADE : 3 recommandations fortes (GRADE 1), 6 modérées (GRADE 2), 11 avis d’experts.
• L’objectif : trier et orienter rapidement selon les risques (critères cliniques, signes, imagerie).

3. Diagnostic étiologique et biomarqueurs
• SpO₂ = mesure de base : valeur > 96 % ou > 92 % (BPCO) rend une hypoxémie sévère peu probable (Grade 2+)
• Gazométrie veineuse non recommandée pour l’oxygénation (Grade 1−), utile uniquement pour la capnie (PvCO₂) (avis expert).
• Gazométrie artérielle recommandée dans les cas complexes ou de détresse respiratoire pour guider le support ventilatoire (Grade 2+)
• BNP / NT-proBNP confirmés comme biomarqueurs pour diagnostiquer (ou exclure) un œdème pulmonaire aigu, en tenant compte du contexte clinique, de la fonction rénale et de l’IMC

4. Imagerie et orientation
• Approche structurée : ECG, SpO₂, gazométrie, radiographie thoracique ou écho-pulmonaire selon disponibilité.
• Angioscanner thoracique pour suspicion d’embolie pulmonaire ; alternatives : scintigraphie ventilation/perfusion selon contexte.
• Stratégies diagnostiques standardisées (Wells, YEARS, PEGeD) avec suivi jusqu’au bout pour assurer la sécurité (Grade 2+).

5. Surveillance et support respiratoire
• Activation rapide de la prise en charge : délai jusqu’au service de réanimation réduit la mortalité
• SpO₂ continue, gazométrie artérielle pour surveiller l’évolution.
• Support ventilatoire adapté selon la sévérité : oxygène - HNFC - VNI/CPAP - intubation.

6. Biomarqueurs infectieux
• Procalcitonine : pas de recommandation pour aider à décider l’antibiothérapie en urgence (absence de données).
• CRP et autres marqueurs : usage non standardisé aux urgences (absence de recommandation).

EN RÉSUMÉ – ALGORITHME SIMPLIFIÉ
1. Régulation : détecter signes de gravité, envoyer équipe médicalisée.
2. Accueil aux urgences : SpO₂, ECG, gazométrie, imagerie (radio, écho, scanner) +/- BNP/NT proBNP.
3. Diagnostic ciblé : catégoriser OAP, EP, asthme, BPCO, pneumonie…
4. Support respiratoire selon sévérité.
5. Surveillance continue et orientation en réanimation si nécessaire.
6. Pas de recours systématique aux biomarqueurs inf. comme la procalcitonine.

CONCLUSION
Ces recommandations renforcent la nécessité :
• Avant tout, le triage téléphonique basé sur des signes cliniques forts.
• L'utilisation ciblée de SpO₂ et gazométrie artérielle pour guider le support.
• Une orientation diagnostique protocolisée (embolies, œdème, infection).
• Précautions sur l’usage des biomarqueurs à visée infectieuse.

Lisez le texte complet de ces recommandations en PDF : site SFMU