Novembre 2025 : Cet article résume l’état des connaissances sur l’épidémiologie, la présentation clinique, le diagnostic, les complications aiguës et post aiguës (long COVID), les options thérapeutiques et les stratégies vaccinales contre le SARS-CoV-2. Il met l’accent sur les évolutions récentes : circulation persistante avec variants antigéniquement divergents, rôle des antiviraux oraux, diminution de l’efficacité des anticorps monoclonaux vis-à-vis des souches récentes, et recommandations vaccinales actualisées. Cette synthèse se base sur sources officielles et revues publiées récemment.

INTRODUCTION :
Depuis son émergence fin 2019, SARS-CoV-2 a continué d’évoluer génétiquement, avec des vagues successives dominées par des variantes d’Omicron et d’autres lignées recombinantes. En 2024–2025 la circulation reste active à l’échelle mondiale, avec des variations régionales saisonnières et une proportion importante d’infections asymptomatiques ou paucisymptomatiques. Les politiques de prise en charge évoluent vers une approche ciblée (priorisation des groupes à risque) pour traitements et vaccins.

ÉPIDÉMIOLOGIE (SITUATION ET TENDANCES) :
Charge mondiale et tendances récentes :

Les données de surveillance montrent une transmission continue et des pics saisonniers dans plusieurs régions; la proportion de positivité des tests et les hospitalisations varient selon la saison et la couverture vaccinale. Les efforts de surveillance génomique montrent une dérive antigénique constante du spike.
Variants et conséquences :

Depuis 2022, les variants Omicron et ses sous-lignées dominent. L’évolution antigénique a motivé l’actualisation régulière de la composition des vaccins (recommandations WHO SAGE pour composition d’antigènes). Les implications pratiques : possible réduction de l’efficacité de certaines monoclonales et nécessité d’adapter les vaccins. [OMS]

SIGNES CLINIQUES :
• Formes aiguës :

  • Spectre allant d’infection asymptomatique à pneumonie sévère et insuffisance respiratoire.
  • Symptômes fréquemment rapportés : fièvre, toux, fatigue, anosmie/agueusie (moins fréquente avec Omicron), myalgies, céphalées, congestion nasale, maux de gorge, diarrhée.

• Facteurs de risque de forme sévère :

Âge avancé, immunodépression, comorbidités cardiovasculaires, diabète, obésité sévère, insuffisance rénale chronique.

• Présentation chez enfants et personnes immunodéprimées :

Formes généralement plus bénignes chez l’enfant mais risque de syndrome inflammatoire multi systémique. Les patients immunodéprimés peuvent présenter infection prolongée et excrétion virale prolongée. (Voir sections traitement/prise en charge spécifique.)

DIAGNOSTIC :
• Tests virologiques : RT-PCR (au laboratoire) sur prélèvement nasopharyngé reste la référence pour la détection du génome viral; tests antigéniques rapides (TAR) sont utiles pour le dépistage rapide et l’orientation clinique, en particulier en phase symptomatique précoce.
• Utilité de la charge virale et séquençage : pour la surveillance des variants et l’évaluation de l’échappement immunitaire.
• Imagerie et biologie : radiographie thoracique et scanner utiles en cas de détresse respiratoire; bilan biologique pour évaluer inflammation (CRP, ferritine), SatO2 et gaz du sang (hypoxémie), et dépistage des complications thromboemboliques (d-dimères).

COMPLICATIONS :
Complications aiguës :
Pneumonie virale, SDRA, thromboses (Embolie pulmonaire, thromboses artérielles), myocardite, insuffisance rénale aiguë, surinfections bactériennes.

Tableau 1 : Marqueurs de coagulation

Test

Signification

Valeurs indicatives

D-dimères

Marqueur clé. Très élevés en cas de risque thrombotique accru.

Valeurs > 2–3 × norme → risque augmenté, surveillance rapprochée.

Fibrinogène

Souvent élevé dans la phase inflammatoire.

↑ = activation coagulation/inflammation

TP/TCA

Peut être normal ou légèrement altéré.

Permet de dépister coagulopathies

Plaquettes

Normales → ↑ Parfois thrombopénie modérée.

Thrombopénie sévère rare

Long COVID / séquelles :
Ces sont des symptômes persistants ≥12 semaines après infection initiale (fatigue, dyspnée, troubles cognitifs, douleurs, dysautonomie). Les études récentes montrent une prévalence variable selon les populations et méthodologies. La reconnaissance clinique et la prise en charge multidisciplinaire restent prioritaires.

TRAITEMENTS COVID-19 :
A/ Principes généraux :
Stratifier les patients selon risque de progression : traitement symptomatique pour les formes bénignes, hospitaliser les patients hypoxémiques, offrir traitement antiviral précoce aux personnes à haut risque. Les décisions cliniques doivent rester guidées par les recommandations locales et l’évaluation du risque individuel.

1. Antiviraux oraux
Nirmatrelvir-ritonavir (Paxlovid®) : reste l’antiviral oral de référence pour réduire le risque d’hospitalisation et de décès lorsqu’il est administré précocement chez des patients à risque.
Molnupiravir (Lagevrio®) : les données réelles et méta-analyses récentes indiquent une efficacité moindre que Nirmatrelvir mais un rôle possible lorsque Nirmatrelvir est contre-indiqué ou inaccessible; bénéfices plus marqués chez les très âgés ou comorbidités multiples.

2. Antiviraux intraveineux
• Remdesivir (Veklury®) : utile en phase hospitalière précoce pour réduire durée d’hospitalisation et progression chez certains sous-groupes; utilisation adaptée selon condition clinique et disponibilité.

3. Corticostéroïdes et autres médicaments immunomodulateurs
- Dexaméthasone (6 mg par jour IV x 10 jours) toujours indiqué pour les patients hypoxémiques.
- Tocilizumab (Actemra®) ou autres modulants immunitaires en cas de réponse inflammatoire sévère selon critères et protocoles locaux.

4. Anticorps monoclonaux
Beaucoup d’anticorps monoclonaux initialement actifs (2020–2022) ont perdu une grande partie de leur activité neutralisante contre les variants Omicron récente; les autorités réglementaires européennes et autres ont recommandé d’éviter l’usage de certaines mAbs inactives et d’actualiser les options. Il est important de vérifier l’activité d’un produit contre la lignée circulante avant usage. [EMA]

Tableau 2 :  Résumé des médicaments utilisés dans le COVID-19 (2025)

Médicament

Classe/Mécanisme

Indications principales

Posologie usuelle

Interactions/Précautions

Nirmatrelvir + Ritonavir (Paxlovid)

Antiviral inhibiteur de protéase

Formes légères à modérées chez patients à haut risque d’évolution sévère, dans les 5 jours du début des symptômes

• Nirmatrelvir 300 mg + Ritonavir 100 mg 2×/j pendant 5 jours • Réduction à 150 mg + 100 mg si insuffisance rénale modérée

Nombreuses interactions majeures via CYP3A: statines, anti-arythmiques, anticoagulants, immunosuppresseurs, benzodiazépines… Contre-indiqué si insuffisance rénale sévère et cirrhose Child C

Remdesivir

Inhibiteur d’ARN polymérase

Formes hospitalisées nécessitant O2 à faible débit; possible en ambulatoire précoce pour personnes à risque (3 jours)

• Schéma 3 jours ambulatoire : 200 mg J1 puis 100 mg J2-J3 IV • Hospitaliers : 5 à 10 jours selon sévérité

Surveiller fonction hépatique et rénale. Interactions faibles.

Molnupiravir

Antiviral mutagène de l’ARN viral

Alternative si Paxlovid indisponible/contre-indiqué ; efficacité modérée, réservé aux adultes à risque

800 mg (4 gélules de 200 mg) 2×/j pendant 5 jours

Éviter chez la femme enceinte. Peu d’interactions médicamenteuses.

Corticostéroïdes (Dexaméthasone)

Anti-inflammatoire

Patients nécessitant oxygène (mais pas en ambulatoire)

• Dexaméthasone 6 mg PO/IV 1×/j pendant 6–10 jours

Pas d’utilisation si absence d’hypoxie. Peut augmenter glycémie, risque infectieux ; interactions avec antidiabétiques, AINS, ISRS…

Tocilizumab

Anti-IL-6 (immunomodulateur)

Formes sévères avec orage cytokinique, CRP élevée, O2 élevé ou ventilation non invasive

Dose IV unique 8 mg/kg (max 800 mg)

Risque d’infections opportunistes ; interactions immunosuppresseurs.

Baricitinib

Inhibiteur JAK

Alternative au tocilizumab en cas d’IRA modérée à sévère

4 mg/j per os (2 mg si insuffisance rénale), durée 14 j max

Risque thrombose, infections ; interactions avec immunosuppresseurs.

Anticoagulation (HBPM)

Prévention thrombotique

Hospitalisés ou à très haut risque en ambulatoire

• Enoxaparine 40 mg/j (prophylaxie) • Dose ajustée selon IMC/clairance

Risque hémorragique ; interactions avec anti-plaquettaires, DOAC, AVK

Oxygénothérapie/ Ventilation

Support respiratoire

Hypoxémie SpO2 < 94%

O2 bas débit, haut débit, VNI, VMI selon besoin

Surveillance clinique et gaz du sang

B/ Prévention des thromboses chez les patients COVID-19 :
Les recommandations actuelles distinguent prévention en ambulatoire, en hospitalisation, et en réanimation.

1. Patients non hospitalisés (formes légères à modérées) : pas d’anticoagulation systématique.
Exception : patients à risque très élevé, (par exemple antécédent de thrombose récente, cancer actif + facteurs additionnels, immobilisation majeure associée au COVID)
→ Anticoagulation prophylactique possible au cas par cas (HBPM ou DOAC faible dose).
⚠️ Toujours évaluer risque hémorragique.

2. Patients hospitalisés : prévention systématique. HBPM prophylactique (Enoxaparine par ex.) est recommandée pour tous les patients hospitalisés, sauf contre-indication.
Exemples de posologies prophylactiques (indicatives) : Enoxaparine 40 mg/j (ou 20 mg si insuffisance rénale sévère). Adaptation au poids chez l’obèse (IMC > 30–40).
- Doses thérapeutiques uniquement si : TVP/EP confirmée, forte suspicion clinique en attente d’imagerie, D-dimères très élevés + besoin d’oxygène significatif dans certains protocoles.

3. Patients en soins intensifs : risque thrombotique très élevé, mais également risque hémorragique. En général : dose prophylactique standard ou intermédiaire, pas systématiquement thérapeutique.

PRISE EN CHARGE DU LONG COVID :
Orientation multidisciplinaire (rééducation, prise en charge douleur, soins cognitifs et psychiatriques, gestion de l’effort graduel). Les essais d’interventions thérapeutiques restent limités.

VACCINATION, ÉTAT DES CONNAISSANCES ET RECOMMANDATIONS (2024–2025) :
- Composition et adaptation : en 2025, l’OMS et les agences régionales ont recommandé l’utilisation de vaccins adaptés aux sous-lignées dominantes; la composition antigénique a été actualisée à plusieurs reprises pour mieux couvrir les dérives antigéniques récentes. Les États/autorités nationales ont publié calendriers ciblés sur groupes à risque. [OMS]
- Efficacité : les vaccins continuent de réduire le risque de maladie sévère, d’hospitalisation et de décès, bien que la protection contre l’infection et la transmission soit plus limitée face à l’échappement viral. Les rappels adaptés augmentent la protection contre les formes sévères, surtout chez les sujets âgés et immunodéprimés. [OMS]
- Politiques et accès : plusieurs juridictions ont recentré leur stratégie vaccinale en 2025 sur une approche ciblée (individus à risque). Les décisions réglementaires nationales concernant l’autorisation, l’étendue d’usage et l’accès restent variables (FDA et autres agences en 2025 ont modifié la disponibilité pour certaines populations).

Tableau 3 : Vaccins COVID-19 autorisés en Europe (EMA)

Vaccin

Technologie

Données récentes

Comirnaty (Pfizer-BioNTech)

ARNm

Plusieurs versions adaptées : XBB.1.5, JN.1, KP.2, LP.8.1

Spikevax (Moderna)

ARNm

Versions adaptées : bivalente original / Omicron BA.4-5, XBB.1.5, JN.1, LP.8.1

Nuvaxovid (Novavax)

Protéine recombinante avec adjuvant

Versions adaptées : JN.1, XBB.1.5

Bimervax (HIPRA)

Protéine (fusion / RBD)

Variante adaptée LP.8.1, ainsi que XBB.1.16 autorisée.)

RÉFÉRENCES BIBLIOGRAPHIQUES :

  1. World Health Organization (WHO). COVID-19 Weekly Epidemiological Update. WHO; 2024–2025.
  2. World Health Organization (WHO). Statement on the Antigen Composition of COVID-19 Vaccines 2025–2026. Geneva: WHO; May 2025.
  3. European Medicines Agency (EMA). COVID-19 Vaccines: Authorised Medicines. EMA; Updated 2025.
  4. European Centre for Disease Prevention and Control (ECDC). SARS-CoV-2 Variants of Concern—Epidemiological Update. ECDC; 2024–2025.
  5. Centers for Disease Control and Prevention (CDC). Clinical Features, Diagnosis and Management of COVID-19. CDC; 2024–2025.
  6. National Institutes of Health (NIH). COVID-19 Treatment Guidelines. NIH; 2025
  7. WHO SAGE. Updated recommendations on COVID-19 vaccine booster composition 2024–2025. WHO; Geneva.

Auteurs : article de synthèse avec l’aide de l’IA ChatGPT : revue des sources publiques (WHO, ECDC, EMA, CDC)

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