RECOMMANDATIONS DE PRATIQUES PROFESSIONNELLES : URGENCES MÉDICO-LÉGALES
2025 : Société Française de Médecine d’Urgence - Société Française de Médecine Légale et d’Expertises Médicales
Ces recommandations s’adressent à tous les professionnels de santé se trouvant dans une situation qui requiert une procédure médico-légale que ce soit en intra-hospitalier ou en extra-hospitalier. Un accord fort a été obtenu parmi les experts afin de fournir des recommandations visant à améliorer et homogénéiser nos pratiques dans les situations médico-légales.
SYNTHÈSE DES RECOMMANDATIONS :
– L’obstacle médico-légal (OML) est un signalement aux autorités judiciaires d’un décès survenant dans certaines circonstances (mention à cocher sur un certificat de décès).
- L’obstacle médico-légal peut être coché par tout médecin inscrit au Conseil de l’Ordre (actif ou retraité autorisé), ou par tout interne de médecine de 3ème semestre ou tout médecin à diplôme étranger hors UE par délégation et sous l'autorité d’un médecin inscrit à l’Ordre. Les Infirmiers Diplômés d’État ne peuvent pas cocher un obstacle médico-légal.
- Les experts proposent de cocher un OML dans les situations suivantes :
Conditions suspectes, violentes ou inconnues, notamment en cas d’atteinte à la vie d’autrui et de suicide
– Les experts proposent que les autorités judiciaires soient contactées en cas de certificat de décès avec obstacle médico-légal.
– Les experts proposent qu’une fiche de liaison [pour le médecin légiste] soit rédigée en cas d’OML avec les éléments médicaux et circonstanciels afin de faciliter les investigations à venir, dans l’intérêt du patient ou de ses ayants droits.
- Quelles sont les situations où un signalement doit être effectué devant une victime ou un auteur de blessure par arme à feu ou arme blanche ?
Les victimes de blessure par arme à feu ou arme blanche ou détenteurs d’arme ne doivent pas être signalés aux autorités judiciaires, à l’exception des situations suivantes :
Un signalement peut être effectué au Préfet (ou Police) des patients porteurs d’une arme blanche ou arme à feu lorsqu’il présente un caractère dangereux pour le personnel. Les agents de sécurité et la direction de l’établissement doivent également être informés.
POUR EN SAVOIR PLUS :
Urgences médico-légales, SFMU 2025 – Site SFMU.ORG
Lisez notre article en rapport : CMI - Certificat médical initial
2025 - Synthèse par efurgences.net
L’Organisation mondiale de la Santé (OMS) a publié ses premières lignes directrices mondiales sur la méningite d’origine communautaire, couvrant les aspects diagnostic, traitement et prise en charge pour enfants (à partir de 1 mois), adolescents et adultes.
Ces lignes directrices s'adressent principalement aux professionnels de santé travaillant dans des établissements de soins de premier et de deuxième niveau, notamment aux urgences, aux services d'hospitalisation et aux consultations externes.
PRINCIPALES RECOMMANDATIONS
1. Diagnostic
o Ponction lombaire dès que possible, idéalement avant les antibiotiques, sauf contre-indication.
o Examen du liquide cérébro rachidien (LCR) : coloration de Gram, numération des cellules, protéines, glucose, rapport glucose LCR/sang .
2. Traitement
o Antibiothérapie empirique IV : céftriaxone ou céfotaxime, avec ajout d’amoxicilline/ampicilline si risque de Listeria.
o Corticostéroïdes IV (ex. dexaméthasone) dès la première dose en cas de méningite à pneumocoque.
o Agents osmotiques (mannitol, hypertonique) pour l’hypertension intracrânienne.
o Prophylaxie pour les contacts étroits en cas de méningococcie confirmée : ceftriaxone injectable en dose unique ou ciprofloxacine orale.
3. Prise en charge des séquelles
o Réhabilitation précoce pour toute séquelle neurologique.
o Dépistage auditif avant la sortie ou dans les 4 semaines post hospitalisation.
o Suivi médical avant sortie puis en consultations postérieures pour surveiller les séquelles.
o Sensibilisation communautaire pour réduire la stigmatisation liée aux séquelles..
ANTIBIOTHÉRAPIE EMPIRIQUE INITIALE (avant confirmation du germe)
- Enfants (≥ 1 mois) et Adultes :
Traitement de 1re intention :
• Céftriaxone 2 g IV toutes les 12 h (adultes) ou
• Céfotaxime 2 g IV toutes les 4–6 h
Ces céphalosporines de 3e génération couvrent Streptococcus pneumoniae, Neisseria meningitidis, et Haemophilus influenzae type b.
Ajout d’amoxicilline/ampicilline (si risque de Listeria monocytogenes)
Indiqué si :
• Nourrissons de <3 mois
• Adultes ≥ 50 ans
• Patients immunodéprimés
Posologie : Ampicilline 2 g IV toutes les 4 h
Listeria est naturellement résistante aux céphalosporines. L’ajout d’ampicilline est crucial.
TRAITEMENT CIBLÉ SELON GERME IDENTIFIÉ ;
Traitement de la méningite selon le germe responsable (OMS) | ||
Agent pathogène | Antibiotique recommandé | Durée |
Neisseria meningitidis | Pénicilline G ou céftriaxone | 7 jours |
Streptococcus pneumoniae | Céftriaxone ou pénicilline (si sensible) ± dexaméthasone | 10–14 jours |
Haemophilus influenzae | Céftriaxone | 7–10 jours |
Listeria monocytogenes | Ampicilline ± gentamicine | ≥ 21 jours |
Staphylococcus aureus | Oxacilline/flucloxacilline ou vancomycine | 14–21 jours |
En cas de résistance ou d'allergie aux β-lactamines : • Utiliser vancomycine en association si pneumocoque à sensibilité diminuée. • En cas d’allergie grave : remplacer par chloramphénicol, moxifloxacine ou rifampicine, selon le germe. |
ANTIBIOTIQUES POUR PROPHYLAXIE DES CONTACTS (MÉNINGITE À MÉNINGOCOQUE :
POUR EN SAVOIR PLUS :
WHO guidelines on meningitis diagnosis, treatment and care : Recommandation. World Health Organization (WHO) - Avril 2025
Synthèse par efurgences.net
Recommandations 2025 de SFMU (Société Française de Médecine d'Urgence) et SRLF (Société de Réanimation de Langue Française) .
La dyspnée aiguë est une situation fréquente en médecine d'urgence et sa prise en charge rapide et efficace est essentielle pour améliorer le pronostic des patients.
En cas de dyspnée aiguë, les recommandations de la SFMU préconisent une évaluation rapide et une prise en charge initiale en fonction de la gravité des symptômes, incluant l'évaluation de l'état respiratoire, la saturation en oxygène, et la nécessité d'une oxygénothérapie ou d'une ventilation. En cas de détresse respiratoire, une intervention médicale urgente, voire une réanimation, peut être nécessaire.
1. Évaluation de la gravité dès la régulation (Zone préhospitalière)
R1.1.1 (Accord Fort, avis d’expert)
Lors de l'appel de régulation, rechercher les signes suivants nécessitant une équipe médicalisée :
• Tachypnée > 25 cycles/min
• Balancement thoraco-abdominal, incapacité à finir ses phrases
• Cyanose, sueurs, confusion ou troubles de conscience
• Recommandation : utiliser la visiophonie si possible pour améliorer l’évaluation
2. Organisation diagnostique et orientation
• Les recommandations s'appuient sur une approche PICO avec une quarantaine d’études évaluées selon GRADE : 3 recommandations fortes (GRADE 1), 6 modérées (GRADE 2), 11 avis d’experts.
• L’objectif : trier et orienter rapidement selon les risques (critères cliniques, signes, imagerie).
3. Diagnostic étiologique et biomarqueurs
• SpO₂ = mesure de base : valeur > 96 % ou > 92 % (BPCO) rend une hypoxémie sévère peu probable (Grade 2+)
• Gazométrie veineuse non recommandée pour l’oxygénation (Grade 1−), utile uniquement pour la capnie (PvCO₂) (avis expert).
• Gazométrie artérielle recommandée dans les cas complexes ou de détresse respiratoire pour guider le support ventilatoire (Grade 2+)
• BNP / NT-proBNP confirmés comme biomarqueurs pour diagnostiquer (ou exclure) un œdème pulmonaire aigu, en tenant compte du contexte clinique, de la fonction rénale et de l’IMC
4. Imagerie et orientation
• Approche structurée : ECG, SpO₂, gazométrie, radiographie thoracique ou écho-pulmonaire selon disponibilité.
• Angioscanner thoracique pour suspicion d’embolie pulmonaire ; alternatives : scintigraphie ventilation/perfusion selon contexte.
• Stratégies diagnostiques standardisées (Wells, YEARS, PEGeD) avec suivi jusqu’au bout pour assurer la sécurité (Grade 2+).
5. Surveillance et support respiratoire
• Activation rapide de la prise en charge : délai jusqu’au service de réanimation réduit la mortalité
• SpO₂ continue, gazométrie artérielle pour surveiller l’évolution.
• Support ventilatoire adapté selon la sévérité : oxygène - HNFC - VNI/CPAP - intubation.
6. Biomarqueurs infectieux
• Procalcitonine : pas de recommandation pour aider à décider l’antibiothérapie en urgence (absence de données).
• CRP et autres marqueurs : usage non standardisé aux urgences (absence de recommandation).
EN RÉSUMÉ – ALGORITHME SIMPLIFIÉ
1. Régulation : détecter signes de gravité, envoyer équipe médicalisée.
2. Accueil aux urgences : SpO₂, ECG, gazométrie, imagerie (radio, écho, scanner) +/- BNP/NT proBNP.
3. Diagnostic ciblé : catégoriser OAP, EP, asthme, BPCO, pneumonie…
4. Support respiratoire selon sévérité.
5. Surveillance continue et orientation en réanimation si nécessaire.
6. Pas de recours systématique aux biomarqueurs inf. comme la procalcitonine.
CONCLUSION
Ces recommandations renforcent la nécessité :
• Avant tout, le triage téléphonique basé sur des signes cliniques forts.
• L'utilisation ciblée de SpO₂ et gazométrie artérielle pour guider le support.
• Une orientation diagnostique protocolisée (embolies, œdème, infection).
• Précautions sur l’usage des biomarqueurs à visée infectieuse.
Lisez le texte complet de ces recommandations en PDF : site SFMU
LIGNES DIRECTRICES 2025 ACC/AHA/ACEP/NAEMSP/SCAI POUR LA PRISE EN CHARGE DES PATIENTS ATTEINTS DE SYNDROMES CORONARIENS AIGUS.
Rapport du comité mixte sur les lignes directrices de pratique clinique de l'American College of Cardiology et de l'American Heart Association
PRINCIPAUX MESSAGES À RETENIR :
• 1. Une bithérapie antiplaquettaire est recommandée chez les patients atteints de syndrome coronarien aigu (SCA). Le TICAGRÉLOR ou le PRASUGREL sont recommandés de préférence au CLOPIDOGREL chez les patients atteints de SCA bénéficiant d'une intervention coronaire percutanée (ICP). Chez les patients atteints de SCA sans sus-décalage du segment ST et devant bénéficier d'une stratégie invasive avec angiographie programmée à plus de 24 heures, un traitement en amont par CLOPIDOGREL ou TICAGRÉLOR peut être envisagé afin de réduire les événements cardiovasculaires majeurs.
• 2. Une bithérapie antiplaquettaire par aspirine et inhibiteur de P2Y12 par voie orale est indiquée pendant au moins 12 mois comme stratégie par défaut chez les patients atteints de SCA qui ne présentent pas de risque hémorragique élevé. Plusieurs stratégies sont disponibles pour réduire le risque hémorragique chez les patients atteints de SCA ayant subi une ICP et nécessitant un traitement antiplaquettaire :
• 3. Un traitement par statine de haute intensité est recommandé pour tous les patients atteints de SCA, avec la possibilité d'instaurer un traitement concomitant par ÉZÉTIMIBE. Un hypolipémiant non statine (par exemple, ézétimibe, évolocumab, alirocumab, inclisiran, acide bempédoïque) est recommandé chez les patients déjà sous statine à la dose maximale tolérée et dont le taux de cholestérol LDL est ≥ 70 mg/dL (1,8 mmol/L). Dans cette population à haut risque, il est raisonnable d'intensifier le traitement hypolipémiant si le taux de cholestérol LDL est compris entre 55 et < 70 mg/dL (1,4 à < 1,8 mmol/L) et que le patient est déjà sous statine à la dose maximale tolérée.
• 4. Chez les patients atteints d'un syndrome coronarien aigu (SCA) sans sus-décalage du segment ST et présentant un risque intermédiaire ou élevé d'événements ischémiques, une approche invasive visant à procéder à une revascularisation est recommandée pendant l'hospitalisation afin de réduire les événements cardiovasculaires indésirables majeurs. Chez les patients atteints d'un SCA sans sus-décalage du segment ST et présentant un faible risque d'événements ischémiques, une approche invasive systématique ou sélective avec une stratification du risque plus poussée est recommandée afin d'identifier les patients susceptibles de nécessiter une revascularisation et de réduire les événements cardiovasculaires indésirables majeurs.
• 5. Deux stratégies procédurales sont recommandées chez les patients atteints de SCA qui subissent une ICP :
• 6. Une stratégie de revascularisation complète est recommandée chez les patients présentant un infarctus du myocarde avec sus-décalage du segment ST ou un SCA sans sus-décalage du segment ST. Le choix de la méthode de revascularisation (c.-à-d. pontage aortocoronarien ou ICP multivasculaire) en cas de SCA sans sus-décalage du segment ST ou de maladie multivasculaire doit être basé sur la complexité de la coronaropathie et des comorbidités. L'ICP des sténoses significatives non responsables chez les patients présentant un infarctus du myocarde avec sus-décalage du segment ST peut être réalisée en une seule intervention ou échelonnée, avec une préférence pour l'ICP multivasculaire en une seule intervention. Chez les patients présentant un SCA et un choc cardiogénique, une revascularisation en urgence du vaisseau responsable est indiquée ; cependant, l'ICP systématique des artères non liées à l'infarctus au moment de l'ICP n'est pas recommandée.
• 7. D'après un essai, l'utilisation de la pompe à flux microaxial chez certains patients présentant un choc cardiogénique lié à un infarctus aigu du myocarde est raisonnable pour réduire la mortalité. Cependant, les complications telles que les saignements, l'ischémie des membres et l'insuffisance rénale sont plus fréquentes avec la pompe à flux microaxial qu'avec les soins habituels. Par conséquent, une attention particulière à l'accès vasculaire et au sevrage de l'assistance est importante afin de bien équilibrer les bénéfices et les risques.
• 8. Une transfusion de globules rouges pour maintenir un taux d’hémoglobine de 10 g/dL peut être raisonnable chez les patients atteints de SCA et d’anémie aiguë ou chronique qui ne saignent pas activement.
• 9. Après la sortie de l'hôpital, il est essentiel de privilégier la prévention secondaire. Un bilan lipidique à jeun est recommandé 4 à 8 semaines après le début ou l'ajustement de la dose du traitement hypolipémiant. Une orientation vers un service de réadaptation cardiaque est également recommandée, avec la possibilité de programmes à domicile pour les patients ne pouvant ou ne souhaitant pas se rendre en personne.
Source du document :
Rao et al : 2025 Acute Coronary Syndromes Management Guideline. Journal de l'American College of Cardiology, volume 85, numéro 18, 13 mai 2025, pages 1800
https://doi.org/10.1016/j.jacc.2024.11.009
ACR : NOUVELLES RECOMMANDATIONS 2024
Consensus international 2024 sur la science de la réanimation cardio-pulmonaire et des soins cardiovasculaires d'urgence, avec recommandations thérapeutiques.
Lire la suite : Arrêt cardio-respiratoire : recommandations 2020 - 2024