LIGNES DIRECTRICES 2025 ACC/AHA/ACEP/NAEMSP/SCAI POUR LA PRISE EN CHARGE DES PATIENTS ATTEINTS DE SYNDROMES CORONARIENS AIGUS.
Rapport du comité mixte sur les lignes directrices de pratique clinique de l'American College of Cardiology et de l'American Heart Association
PRINCIPAUX MESSAGES À RETENIR :
• 1. Une bithérapie antiplaquettaire est recommandée chez les patients atteints de syndrome coronarien aigu (SCA). Le TICAGRÉLOR ou le PRASUGREL sont recommandés de préférence au CLOPIDOGREL chez les patients atteints de SCA bénéficiant d'une intervention coronaire percutanée (ICP). Chez les patients atteints de SCA sans sus-décalage du segment ST et devant bénéficier d'une stratégie invasive avec angiographie programmée à plus de 24 heures, un traitement en amont par CLOPIDOGREL ou TICAGRÉLOR peut être envisagé afin de réduire les événements cardiovasculaires majeurs.
• 2. Une bithérapie antiplaquettaire par aspirine et inhibiteur de P2Y12 par voie orale est indiquée pendant au moins 12 mois comme stratégie par défaut chez les patients atteints de SCA qui ne présentent pas de risque hémorragique élevé. Plusieurs stratégies sont disponibles pour réduire le risque hémorragique chez les patients atteints de SCA ayant subi une ICP et nécessitant un traitement antiplaquettaire :
• 3. Un traitement par statine de haute intensité est recommandé pour tous les patients atteints de SCA, avec la possibilité d'instaurer un traitement concomitant par ÉZÉTIMIBE. Un hypolipémiant non statine (par exemple, ézétimibe, évolocumab, alirocumab, inclisiran, acide bempédoïque) est recommandé chez les patients déjà sous statine à la dose maximale tolérée et dont le taux de cholestérol LDL est ≥ 70 mg/dL (1,8 mmol/L). Dans cette population à haut risque, il est raisonnable d'intensifier le traitement hypolipémiant si le taux de cholestérol LDL est compris entre 55 et < 70 mg/dL (1,4 à < 1,8 mmol/L) et que le patient est déjà sous statine à la dose maximale tolérée.
• 4. Chez les patients atteints d'un syndrome coronarien aigu (SCA) sans sus-décalage du segment ST et présentant un risque intermédiaire ou élevé d'événements ischémiques, une approche invasive visant à procéder à une revascularisation est recommandée pendant l'hospitalisation afin de réduire les événements cardiovasculaires indésirables majeurs. Chez les patients atteints d'un SCA sans sus-décalage du segment ST et présentant un faible risque d'événements ischémiques, une approche invasive systématique ou sélective avec une stratification du risque plus poussée est recommandée afin d'identifier les patients susceptibles de nécessiter une revascularisation et de réduire les événements cardiovasculaires indésirables majeurs.
• 5. Deux stratégies procédurales sont recommandées chez les patients atteints de SCA qui subissent une ICP :
• 6. Une stratégie de revascularisation complète est recommandée chez les patients présentant un infarctus du myocarde avec sus-décalage du segment ST ou un SCA sans sus-décalage du segment ST. Le choix de la méthode de revascularisation (c.-à-d. pontage aortocoronarien ou ICP multivasculaire) en cas de SCA sans sus-décalage du segment ST ou de maladie multivasculaire doit être basé sur la complexité de la coronaropathie et des comorbidités. L'ICP des sténoses significatives non responsables chez les patients présentant un infarctus du myocarde avec sus-décalage du segment ST peut être réalisée en une seule intervention ou échelonnée, avec une préférence pour l'ICP multivasculaire en une seule intervention. Chez les patients présentant un SCA et un choc cardiogénique, une revascularisation en urgence du vaisseau responsable est indiquée ; cependant, l'ICP systématique des artères non liées à l'infarctus au moment de l'ICP n'est pas recommandée.
• 7. D'après un essai, l'utilisation de la pompe à flux microaxial chez certains patients présentant un choc cardiogénique lié à un infarctus aigu du myocarde est raisonnable pour réduire la mortalité. Cependant, les complications telles que les saignements, l'ischémie des membres et l'insuffisance rénale sont plus fréquentes avec la pompe à flux microaxial qu'avec les soins habituels. Par conséquent, une attention particulière à l'accès vasculaire et au sevrage de l'assistance est importante afin de bien équilibrer les bénéfices et les risques.
• 8. Une transfusion de globules rouges pour maintenir un taux d’hémoglobine de 10 g/dL peut être raisonnable chez les patients atteints de SCA et d’anémie aiguë ou chronique qui ne saignent pas activement.
• 9. Après la sortie de l'hôpital, il est essentiel de privilégier la prévention secondaire. Un bilan lipidique à jeun est recommandé 4 à 8 semaines après le début ou l'ajustement de la dose du traitement hypolipémiant. Une orientation vers un service de réadaptation cardiaque est également recommandée, avec la possibilité de programmes à domicile pour les patients ne pouvant ou ne souhaitant pas se rendre en personne.
Source du document :
Rao et al : 2025 Acute Coronary Syndromes Management Guideline. Journal de l'American College of Cardiology, volume 85, numéro 18, 13 mai 2025, pages 1800
https://doi.org/10.1016/j.jacc.2024.11.009
ACR : NOUVELLES RECOMMANDATIONS 2024
Consensus international 2024 sur la science de la réanimation cardio-pulmonaire et des soins cardiovasculaires d'urgence, avec recommandations thérapeutiques.
Lire la suite : Arrêt cardio-respiratoire : recommandations 2020 - 2024
MISE À JOUR DES RECOMMANDATIONS POUR LA PRISE EN CHARGE DES PNEUMONIES COMMUNAUTAIRES CHEZ L'ADULTE PAR LA SOCIÉTÉ FRANÇAISE D'INFECTIOLOGIE (SPILF) ET LA SOCIÉTÉ FRANCOPHONE D'AFFECTIONS RESPIRATOIRES (SPLF).
Update of guidelines for management of community acquired pneumonia in adults by the French infectious disease society (SPILF) and the French-speaking society of respiratory diseases (SPLF).
Infectious Diseases Now 55 (2025) 105034
La Société de Pathologie Infectieuse de Langue Française (SPILF) et la Société de Pneumologie de Langue Française (SPLF) ont publié en février 2025 une actualisation des recommandations pour la prise en charge des pneumonies aiguës communautaires (PAC) chez l’adulte.
La Pneumonie Aiguë Communautaire (PAC) présumée d'origine bactérienne est une pathologie fréquente plus ou moins grave qui peut être prise en charge en ambulatoire ou à l'hôpital, voire en soins critiques. Les traitements doivent être débutés en urgence.
PAC GRAVE : SI PRÉSENCE D'UN CRITÈRE MAJEUR OU AU MOINS 3 CRITÈRES MINEURS :
- Critères majeurs
- Critères mineurs
LES POINTS CLÉS À RETENIR :
1. Diagnostic : imagerie et examens complémentaires
• Radiographie thoracique : recommandée systématiquement dans les 3 jours suivant l’apparition des symptômes. Si elle est normale, cela doit conduire à reconsidérer le diagnostic et à envisager l’arrêt de l’antibiothérapie.
• Scanner thoracique : réservé aux cas hospitaliers avec doute diagnostique persistant ou évolution défavorable.
• Échographie pleuropulmonaire : peut être utilisée en médecine de ville par un praticien formé, comme outil complémentaire au diagnostic.
• Biomarqueurs (CRP, procalcitonine) : leur dosage systématique n’est pas recommandé, que ce soit en ambulatoire ou à l’hôpital, en raison de l'absence de bénéfice démontré.
2. Antibiothérapie : choix et durée
• Traitement probabiliste initial : en ambulatoire, l’Amoxicilline reste l'antibiotique de première intention. L’ajout d’Acide-Clavulanique est envisagé en cas de comorbidités, d’âge avancé, de contexte post-grippal ou d’antibiothérapie récente.
• Durée du traitement : généralement de 5 jours, avec une réévaluation à 72 heures. Cette durée peut être ajustée entre 3 et 7 jours selon l’évolution clinique. En cas d'infection à Légionellose, un traitement de 14 jours est recommandé.
• Réévaluation systématique : à 72 heures.
ANTIBIOTHÉRAPIE DES PAC EN AMBULATOIRE | ||
1er choix | Alternative | |
Sans comorbidité | Amoxicilline | Pristinamycine |
Au moins une comorbidité | Amoxicilline-acide clavulanique | C3G parentérale (ceftriaxone ou céfotaxime) |
Suspicion de co/surinfection bactérienne d'une infection virale (grippe) | Amoxicilline-acide clavulanique | C3G parentérale (ceftriaxone ou céfotaxime) Ou pristinamycine |
Tableau évocateur d'infection ou mise en évidence de bactérie atypique | Macrolide | Pristinamycine ou doxycycline |
Réévaluation à 72h |
3. Corticothérapie
• PAC sévère : l'administration précoce d'hydrocortisone en soins intensifs peut réduire le risque de décès à 28 jours.
• PAC non sévère ou pneumonie grippale : l'utilisation de corticoïdes n'est pas recommandée.
Réference : Infectious Diseases Now 55 (2025) 105034
https://doi.org/10.1016/j.idnow.2025.105034
2025 - efurgences.net
INTUBATION EN URGENCE D'UN ADULTE HORS BLOC OPÉRATOIRE ET HORS UNITÉ DES SOINS CRITIQUES
Mars 2025 : Société Française d’Anesthésie et Réanimation (SFAR) et Société Française de Médecine d’Urgence (SFMU)
L’objectif principal de ce consensus est d’améliorer la sécurité et l’efficacité de l’intubation trachéale en situation d’urgence, en dehors des environnements spécialisés comme le bloc opératoire ou les unités de soins critiques.
Au total, 32 recommandations ont été formulées.
NOUVEAUTÉS MAJEURES DES RECOMMANDATIONS 2025 :
- Standardisation de la procédure : Introduction d'une check-list systématique pour préparer l’intubation, incluant la vérification du matériel, la préparation du patient et la coordination de l’équipe.
- Formation et compétences : Mise en avant de la nécessité d'une formation spécifique pour les professionnels réalisant des intubations en dehors des environnements spécialisés, avec des recommandations sur les compétences minimales requises.
- Optimisation de la procédure : Recommandations sur l'utilisation de techniques spécifiques pour améliorer les conditions d'intubation, telles que la préoxygénation optimale et le positionnement du patient.
- Gestion post-intubation : Mise en place de protocoles pour la prise en charge après l'intubation, incluant la surveillance des paramètres vitaux et la prévention des complications.
PRINCIPALES RECOMMANDATIONS :
R1.1 – Il est probablement recommandé de réaliser une intubation trachéale en première intention plutôt que d’utiliser un dispositif supra-glottique pour le contrôle des voies aériennes supérieures afin de réduire la morbi-mortalité.
R1.2.1 – Au cours de la réanimation cardio-pulmonaire spécialisée de l’arrêt cardiaque, les experts suggèrent de réaliser une intubation trachéale par rapport à la pose d’un dispositif supra-glottique ou une ventilation au masque.
R1.2.2 – Au cours de la réanimation cardio-pulmonaire de l’arrêt cardiaque, les experts suggèrent dans l’attente de l’intubation trachéale, de réaliser une ventilation par un masque facial et un ballon autoremplisseur avec valve unidirectionnelle (BAVU) relié à une source d’oxygène.
R1.3.1 – Chez les patients pris en charge pour un traumatisme crânien grave, il est probablement recommandé de réaliser une intubation trachéale afin de réduire la morbi-mortalité.
R1.6 – Chez un patient en état de choc hémorragique, il n’est probablement pas recommandé d’intuber sur la seule indication du choc en l’absence d’autres indications formelles (neurologique, respiratoire), et ce même s’il existe une indication opératoire sous anesthésie générale à courte échéance, afin de réduire la morbi-mortalité.
R 2.2.1 – MATÉRIEL NÉCESSAIRE :
● Masques faciaux (Taille 3 à 5)
● Ballon Auto remplisseur à Valve Unidirectionnelle (BAVU)
● Système d’aspiration avec canule adaptée de gros calibre
● Source d’oxygène
● Canules oropharyngées (type « canule de Guedel ») (taille 3 et 4)
● Sondes d’intubation (tailles 5 à 8)
● Laryngoscope direct type Macintosh (lame 3 et 4)
● Vidéolaryngoscope
● Capnographe
● Stylet rigide
● Mandrin long béquillé
● Pince guide (« type pince de Magill »)
● Dispositif supraglottique permettant une intubation
● Kit de crico-thyrotomie pour technique avec Scalpel, Mandrin long béquillé et Sonde d’intubation (technique SMS)
R3.1.1 – Avant une intubation trachéale en urgence, il est recommandé de procéder systématiquement à une pré-oxygénation du patient afin de réduire la morbi-mortalité.
R3.3 – Lors d’une intubation trachéale en urgence, il n’est probablement pas recommandé de réaliser de pression cricoïdienne afin de réduire la morbi-mortalité.
R3.5 – Lors de l’intubation en urgence, à l’exception des patients en arrêt cardiaque, il est probablement recommandé, d’associer systématiquement un hypnotique suivi de l’injection d’un curare (en privilégiant des agents à délai d’action court et à bonne tolérance hémodynamique) pour faciliter l’intubation trachéale et réduire la morbi-mortalité.
R4.1 – Lors de l’intubation en situation d’urgence, il est probablement recommandé d’utiliser systématiquement en première intention un dispositif (stylet malléable ou mandrin long béquillé) pour guider le trajet de la sonde d’intubation trachéale afin de réduire la morbi-mortalité.
R5.1.1 – Il est recommandé d’utiliser systématiquement la capnographie pour confirmer le bon positionnement de la sonde d’intubation trachéale, du dispositif supra-glottique ou de l’abord trachéal direct lors d’une intubation en urgence pour réduire la morbi-mortalité.
R5.2 – Les experts suggèrent l’association d’un hypnotique et d’un morphinique pour la sédation d’un patient intubé en situation d’urgence, afin de réduire la morbi-mortalité.
Pour consulter le document complet des recommandations, vous pouvez le télécharger en PDF sur le site de la SFAR
efurgneces 2025 .
RECOMMANDATIONS FORMALISEES D’EXPERTS 2024
Société Française de Médecine d’Urgence SFMU
Prise en charge de la douleur aiguë en urgence
La Société Française de Médecine d'Urgence (SFMU) a publié en 2024 des recommandations actualisées concernant la prise en charge de la douleur aiguë chez les patients adultes en contexte d'urgence, tant en milieu préhospitalier qu'intrahospitalier. Ces recommandations ont été élaborées par un groupe de 31 experts français, dont 10 spécialistes du "board douleur" de la SFMU, suivant la méthodologie GRADE pour évaluer le niveau de preuve des données disponibles.
Les travaux ont conduit à la formulation de 35 recommandations réparties autour de trois axes principaux :
1. **Indication du traitement antalgique** : Après une évaluation précise de la douleur, il est essentiel d'organiser les équipes soignantes pour une prise en charge efficace.
2. **Thérapeutiques médicamenteuses et non médicamenteuses** : Cela inclut l'utilisation appropriée des analgésiques, des anti-inflammatoires non stéroïdiens (AINS), de la morphine, de la kétamine, ainsi que des approches non pharmacologiques.
3. **Relais des antalgiques en sortie des urgences ou en hospitalisation** : Assurer une continuité des soins pour gérer la douleur après la phase aiguë.
Parmi ces recommandations, 5 sont soutenues par un niveau de preuve élevé (GRADE 1), 13 par un niveau de preuve faible (GRADE 2), et 17 sont basées sur des avis d'experts. Pour quatre questions spécifiques, aucune recommandation n'a pu être établie en raison de données insuffisantes.
** Ces recommandations concernent principalement l'utilisation de la morphine et des anti-inflammatoires non stéroïdiens (AINS) dans le traitement de la douleur aiguë.
** Il est recommandé d'utiliser la morphine en titration intraveineuse pour traiter les douleurs aiguës intenses chez l'adulte en milieu d'urgence. Cette approche permet un contrôle rapide et efficace de la douleur.
** L'administration d'AINS est recommandée pour les douleurs aiguës d'intensité modérée à sévère, en l'absence de contre-indications. Les AINS sont efficaces pour réduire l'inflammation et la douleur associée.
** Il est recommandé de surveiller étroitement les patients recevant des opioïdes, en particulier la morphine, pour détecter et gérer rapidement les effets indésirables potentiels, tels que la dépression respiratoire.
** L'utilisation de protocoles standardisés pour la gestion de la douleur aiguë en milieu d'urgence est recommandée afin d'améliorer l'efficacité et la sécurité de la prise en charge.
** Il est recommandé de réévaluer régulièrement l'intensité de la douleur et l'efficacité du traitement afin d'ajuster la prise en charge en fonction de l'évolution clinique du patient.Ces directives visent à améliorer la prise en charge de la douleur aiguë en milieu d'urgence, en s'appuyant sur les meilleures preuves disponibles et l'expertise clinique.
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