MISE À JOUR DES RECOMMANDATIONS POUR LA PRISE EN CHARGE DES PNEUMONIES COMMUNAUTAIRES CHEZ L'ADULTE PAR LA SOCIÉTÉ FRANÇAISE D'INFECTIOLOGIE (SPILF) ET LA SOCIÉTÉ FRANCOPHONE D'AFFECTIONS RESPIRATOIRES (SPLF).
Update of guidelines for management of community acquired pneumonia in adults by the French infectious disease society (SPILF) and the French-speaking society of respiratory diseases (SPLF).
Infectious Diseases Now 55 (2025) 105034
La Société de Pathologie Infectieuse de Langue Française (SPILF) et la Société de Pneumologie de Langue Française (SPLF) ont publié en février 2025 une actualisation des recommandations pour la prise en charge des pneumonies aiguës communautaires (PAC) chez l’adulte.
La Pneumonie Aiguë Communautaire (PAC) présumée d'origine bactérienne est une pathologie fréquente plus ou moins grave qui peut être prise en charge en ambulatoire ou à l'hôpital, voire en soins critiques. Les traitements doivent être débutés en urgence.
PAC GRAVE : SI PRÉSENCE D'UN CRITÈRE MAJEUR OU AU MOINS 3 CRITÈRES MINEURS :
- Critères majeurs
- Critères mineurs
LES POINTS CLÉS À RETENIR :
1. Diagnostic : imagerie et examens complémentaires
• Radiographie thoracique : recommandée systématiquement dans les 3 jours suivant l’apparition des symptômes. Si elle est normale, cela doit conduire à reconsidérer le diagnostic et à envisager l’arrêt de l’antibiothérapie.
• Scanner thoracique : réservé aux cas hospitaliers avec doute diagnostique persistant ou évolution défavorable.
• Échographie pleuropulmonaire : peut être utilisée en médecine de ville par un praticien formé, comme outil complémentaire au diagnostic.
• Biomarqueurs (CRP, procalcitonine) : leur dosage systématique n’est pas recommandé, que ce soit en ambulatoire ou à l’hôpital, en raison de l'absence de bénéfice démontré.
2. Antibiothérapie : choix et durée
• Traitement probabiliste initial : en ambulatoire, l’Amoxicilline reste l'antibiotique de première intention. L’ajout d’Acide-Clavulanique est envisagé en cas de comorbidités, d’âge avancé, de contexte post-grippal ou d’antibiothérapie récente.
• Durée du traitement : généralement de 5 jours, avec une réévaluation à 72 heures. Cette durée peut être ajustée entre 3 et 7 jours selon l’évolution clinique. En cas d'infection à Légionellose, un traitement de 14 jours est recommandé.
• Réévaluation systématique : à 72 heures.
ANTIBIOTHÉRAPIE DES PAC EN AMBULATOIRE | ||
1er choix | Alternative | |
Sans comorbidité | Amoxicilline | Pristinamycine |
Au moins une comorbidité | Amoxicilline-acide clavulanique | C3G parentérale (ceftriaxone ou céfotaxime) |
Suspicion de co/surinfection bactérienne d'une infection virale (grippe) | Amoxicilline-acide clavulanique | C3G parentérale (ceftriaxone ou céfotaxime) Ou pristinamycine |
Tableau évocateur d'infection ou mise en évidence de bactérie atypique | Macrolide | Pristinamycine ou doxycycline |
Réévaluation à 72h |
3. Corticothérapie
• PAC sévère : l'administration précoce d'hydrocortisone en soins intensifs peut réduire le risque de décès à 28 jours.
• PAC non sévère ou pneumonie grippale : l'utilisation de corticoïdes n'est pas recommandée.
Réference : Infectious Diseases Now 55 (2025) 105034
https://doi.org/10.1016/j.idnow.2025.105034
2025 - efurgences.net
INTUBATION EN URGENCE D'UN ADULTE HORS BLOC OPÉRATOIRE ET HORS UNITÉ DES SOINS CRITIQUES
Mars 2025 : Société Française d’Anesthésie et Réanimation (SFAR) et Société Française de Médecine d’Urgence (SFMU)
L’objectif principal de ce consensus est d’améliorer la sécurité et l’efficacité de l’intubation trachéale en situation d’urgence, en dehors des environnements spécialisés comme le bloc opératoire ou les unités de soins critiques.
Au total, 32 recommandations ont été formulées.
NOUVEAUTÉS MAJEURES DES RECOMMANDATIONS 2025 :
- Standardisation de la procédure : Introduction d'une check-list systématique pour préparer l’intubation, incluant la vérification du matériel, la préparation du patient et la coordination de l’équipe.
- Formation et compétences : Mise en avant de la nécessité d'une formation spécifique pour les professionnels réalisant des intubations en dehors des environnements spécialisés, avec des recommandations sur les compétences minimales requises.
- Optimisation de la procédure : Recommandations sur l'utilisation de techniques spécifiques pour améliorer les conditions d'intubation, telles que la préoxygénation optimale et le positionnement du patient.
- Gestion post-intubation : Mise en place de protocoles pour la prise en charge après l'intubation, incluant la surveillance des paramètres vitaux et la prévention des complications.
PRINCIPALES RECOMMANDATIONS :
R1.1 – Il est probablement recommandé de réaliser une intubation trachéale en première intention plutôt que d’utiliser un dispositif supra-glottique pour le contrôle des voies aériennes supérieures afin de réduire la morbi-mortalité.
R1.2.1 – Au cours de la réanimation cardio-pulmonaire spécialisée de l’arrêt cardiaque, les experts suggèrent de réaliser une intubation trachéale par rapport à la pose d’un dispositif supra-glottique ou une ventilation au masque.
R1.2.2 – Au cours de la réanimation cardio-pulmonaire de l’arrêt cardiaque, les experts suggèrent dans l’attente de l’intubation trachéale, de réaliser une ventilation par un masque facial et un ballon autoremplisseur avec valve unidirectionnelle (BAVU) relié à une source d’oxygène.
R1.3.1 – Chez les patients pris en charge pour un traumatisme crânien grave, il est probablement recommandé de réaliser une intubation trachéale afin de réduire la morbi-mortalité.
R1.6 – Chez un patient en état de choc hémorragique, il n’est probablement pas recommandé d’intuber sur la seule indication du choc en l’absence d’autres indications formelles (neurologique, respiratoire), et ce même s’il existe une indication opératoire sous anesthésie générale à courte échéance, afin de réduire la morbi-mortalité.
R 2.2.1 – MATÉRIEL NÉCESSAIRE :
● Masques faciaux (Taille 3 à 5)
● Ballon Auto remplisseur à Valve Unidirectionnelle (BAVU)
● Système d’aspiration avec canule adaptée de gros calibre
● Source d’oxygène
● Canules oropharyngées (type « canule de Guedel ») (taille 3 et 4)
● Sondes d’intubation (tailles 5 à 8)
● Laryngoscope direct type Macintosh (lame 3 et 4)
● Vidéolaryngoscope
● Capnographe
● Stylet rigide
● Mandrin long béquillé
● Pince guide (« type pince de Magill »)
● Dispositif supraglottique permettant une intubation
● Kit de crico-thyrotomie pour technique avec Scalpel, Mandrin long béquillé et Sonde d’intubation (technique SMS)
R3.1.1 – Avant une intubation trachéale en urgence, il est recommandé de procéder systématiquement à une pré-oxygénation du patient afin de réduire la morbi-mortalité.
R3.3 – Lors d’une intubation trachéale en urgence, il n’est probablement pas recommandé de réaliser de pression cricoïdienne afin de réduire la morbi-mortalité.
R3.5 – Lors de l’intubation en urgence, à l’exception des patients en arrêt cardiaque, il est probablement recommandé, d’associer systématiquement un hypnotique suivi de l’injection d’un curare (en privilégiant des agents à délai d’action court et à bonne tolérance hémodynamique) pour faciliter l’intubation trachéale et réduire la morbi-mortalité.
R4.1 – Lors de l’intubation en situation d’urgence, il est probablement recommandé d’utiliser systématiquement en première intention un dispositif (stylet malléable ou mandrin long béquillé) pour guider le trajet de la sonde d’intubation trachéale afin de réduire la morbi-mortalité.
R5.1.1 – Il est recommandé d’utiliser systématiquement la capnographie pour confirmer le bon positionnement de la sonde d’intubation trachéale, du dispositif supra-glottique ou de l’abord trachéal direct lors d’une intubation en urgence pour réduire la morbi-mortalité.
R5.2 – Les experts suggèrent l’association d’un hypnotique et d’un morphinique pour la sédation d’un patient intubé en situation d’urgence, afin de réduire la morbi-mortalité.
Pour consulter le document complet des recommandations, vous pouvez le télécharger en PDF sur le site de la SFAR
efurgneces 2025 .
RECOMMANDATIONS FORMALISEES D’EXPERTS 2024
Société Française de Médecine d’Urgence SFMU
Prise en charge de la douleur aiguë en urgence
La Société Française de Médecine d'Urgence (SFMU) a publié en 2024 des recommandations actualisées concernant la prise en charge de la douleur aiguë chez les patients adultes en contexte d'urgence, tant en milieu préhospitalier qu'intrahospitalier. Ces recommandations ont été élaborées par un groupe de 31 experts français, dont 10 spécialistes du "board douleur" de la SFMU, suivant la méthodologie GRADE pour évaluer le niveau de preuve des données disponibles.
Les travaux ont conduit à la formulation de 35 recommandations réparties autour de trois axes principaux :
1. **Indication du traitement antalgique** : Après une évaluation précise de la douleur, il est essentiel d'organiser les équipes soignantes pour une prise en charge efficace.
2. **Thérapeutiques médicamenteuses et non médicamenteuses** : Cela inclut l'utilisation appropriée des analgésiques, des anti-inflammatoires non stéroïdiens (AINS), de la morphine, de la kétamine, ainsi que des approches non pharmacologiques.
3. **Relais des antalgiques en sortie des urgences ou en hospitalisation** : Assurer une continuité des soins pour gérer la douleur après la phase aiguë.
Parmi ces recommandations, 5 sont soutenues par un niveau de preuve élevé (GRADE 1), 13 par un niveau de preuve faible (GRADE 2), et 17 sont basées sur des avis d'experts. Pour quatre questions spécifiques, aucune recommandation n'a pu être établie en raison de données insuffisantes.
** Ces recommandations concernent principalement l'utilisation de la morphine et des anti-inflammatoires non stéroïdiens (AINS) dans le traitement de la douleur aiguë.
** Il est recommandé d'utiliser la morphine en titration intraveineuse pour traiter les douleurs aiguës intenses chez l'adulte en milieu d'urgence. Cette approche permet un contrôle rapide et efficace de la douleur.
** L'administration d'AINS est recommandée pour les douleurs aiguës d'intensité modérée à sévère, en l'absence de contre-indications. Les AINS sont efficaces pour réduire l'inflammation et la douleur associée.
** Il est recommandé de surveiller étroitement les patients recevant des opioïdes, en particulier la morphine, pour détecter et gérer rapidement les effets indésirables potentiels, tels que la dépression respiratoire.
** L'utilisation de protocoles standardisés pour la gestion de la douleur aiguë en milieu d'urgence est recommandée afin d'améliorer l'efficacité et la sécurité de la prise en charge.
** Il est recommandé de réévaluer régulièrement l'intensité de la douleur et l'efficacité du traitement afin d'ajuster la prise en charge en fonction de l'évolution clinique du patient.Ces directives visent à améliorer la prise en charge de la douleur aiguë en milieu d'urgence, en s'appuyant sur les meilleures preuves disponibles et l'expertise clinique.
Téléchargez ce document en PDF : site SFMU
2024 European Society of Hypertension clinical practice guidelines for the management of arterial hypertension
QUOI DE NEUF ?
L’hypertension artérielle (HTA) est une maladie en pleine expansion démographique, avec une dégradation du contrôle tensionnel dans le monde.
Une simplification de la classification de la pression artérielle en 3 catégories est proposée :
Pression artérielle non élevée | < 120 / 70 mmHg |
Pression artérielle élevée | entre 120/70 et < 140/90 mmHg |
Hypertension artérielle | > 140/90 mmHg |
La mesure de pression artérielle doit être standardisée : elle doit s’appuyer sur des appareils électroniques validés. Les nouveaux appareils de mesure de la tension artérielle sans brassards (« cuffless ») bien que prometteurs, ne sont à l’heure actuelle pas validés.
La prise en charge diagnostique repose sur :
1) Une sécurisation de la mesure grâce à une mesure ambulatoire / à domicile de la pression artérielle
2) Une évaluation du risque cardiovasculaire global
3) L’exploration de l’atteinte des organes cibles
4) La recherche de causes d’hypertension artérielle secondaire. Pour la première fois, le dosage standardisé de l’aldostérone et de la rénine est proposé au diagnostic, chez tous les patients hypertendus confirmés.
Les régimes hygiéno-diététiques s’appliquent à tous les patients et reposent un mode de vie sain et équilibré, une activité physique adaptée, un régime sain méditerranéen et une restriction sodée strict (< 5g de sel par jour) avec en cas de difficulté à restreindre les apports sodés la possibilité d’utiliser des sels de substitution enrichis en potassium (en l’absence de maladie rénale chronique avancée ou d’hyperkaliémie).
L’objectif de la prise en charge de l’HTA est avant tout de réduire le risque cardiovasculaire global (RCV).
En cas d’élévation de la pression artérielle (entre 120/70 et 140/90 mmHg), le traitement pharmacologique est indiqué en cas de niveau de risque élevé : prévention secondaire, insuffisance cardiaque, maladie rénale chronique, diabète, retentissement sur les organes cibles ou élévation au-dessus de 10% du SCORE-2 (ou sa version OP en population > 70 ans et sa version DIABETES en population diabétique).
La stratégie médicamenteuse est maintenue par rapport aux guidelines de l’ESC 2018 avec le recours d’emblée à une bithérapie fixe par 2 molécules parmi un bloqueur du SRAA, un inhibiteur calcique et un diurétique ; et la possibilité de passer à une trithérapie en cas d’échec.
Ces nouvelles recommandations se veulent plus ambitieuses avec un objectif tensionnel de PA entre 120 et 129 mmHg de systolique et 70 – 79 mmHg de diastolique, en visant 120/70 mmHg quand cela est possible, bien toléré et en l’absence de fragilité gériatrique, d’hypotension orthostatique ou d’espérance de vie de moins de 3 ans.
En cas d’hypertension résistante, il faut adresser le patient à un centre-expert, réaliser un bilan d’HTA secondaire, ajouter de la spironolactone à la trithérapie préexistante et envisager une évaluation objective de l’inobservance médicamenteuse.
La dénervation rénale fait son entrée pour la première fois dans des guidelines de l’ESC. Elle peut être réalisée en cas d’HTA résistante après une discussion et une évaluation multidisciplinaire, dans des centres ayant un gros volume d’activité.
RÉFÉRENCES :
2024 European Society of Hypertension clinical practice guidelines for the management of arterial hypertension. Practice Guidelines Volume 126p1-15 August 2024
ESC 2024 : les messages clés des recommandations sur l’hypertension artérielle et l’élévation de la pression artérielle. Cardio on line
efurgences.net 2024
Recommandations sur la gestion de l’anticoagulation dans un contexte d’urgence
Guidelines on the Management of Anticoagulant in Emergency Setting
RECOMMANDATIONS FORMALISEES D’EXPERTS 2024
- Société Française de Médecine d’Urgence, SFMU
- Société Française d’Anesthésie-Réanimation et médecine péri-opératoire SFAR
- Groupe d’intérêt en Hémostase Péri-opératoire
- Société Française de Thrombose et d'Hémostase
Champ 1 : Place de la biologie pour déterminer la prise d’anticoagulants
Champ 2 : Gestion d’une hémorragie sous anticoagulant
Champ 3 : Gestion des surdosages asymptomatiques
Champ 4 : Gestion des procédures invasives non programmées sous anticoagulant
Champ 5 : Thrombolyse pour un accident vasculaire cérébral ischémique sous anticoagulant
Téléchargez ces recommandations : site SFAR
Algorithme RFE anticoagulation dans un contexte d’urgence : fichier PDF