PRISE EN CHARGE DES PATIENTS PRÉSENTANT UN TRAUMATISME CRÂNIEN LÉGER DE L’ADULTE,
VERSION septembre 2022.
Société Française de Médecine d’Urgence (SFMU) En association avec la Société Française d’Anesthésie et Réanimation (SFAR)
Le Traumatisme Crânien Léger (TCL) est la résultante d’un transfert d'énergie mécanique reçue par la tête sous l'effet de forces physiques externes. Cette définition inclut, ainsi, les chocs au niveau de la tête, les impacts d’objets au niveau du crâne et les mouvements d’accélération/décélération (i.e. «coup du lapin» par exemple) sans traumatisme direct au niveau du crâne. Il a pour conséquence une perturbation physiologique du fonctionnement cérébral.
En Europe, les traumatismes crâniens représentent plus 2,5 millions de cas chaque année, dont environ 90% sont qualifiés de «légers».
R1 :
- Les experts proposent que les patients victimes d’un traumatisme crânien léger, pour lesquels la régulation médicale est sollicitée, ne soient pas orientés de façon systématique vers une structure des urgences s’ils peuvent être surveillés par une tierce personne en l’absence :
- De trouble de coagulation préexistant (dont un traitement par anticoagulant),
- D’âge > 65 ans ET de traitement par agent(s) antiplaquettaire(s),
- D’intoxication (médicamenteuse, alcool, autre…),
- De symptômes en dehors de céphalées (vomissement, perte de connaissance, amnésie > 30 min, convulsion, déficit focalisé, altération de la vigilance),
- De signe de traumatisme (hématome en lunettes, embarrure, signes de fracture de la base du crâne, hématome mastoïdien).
R2.1
- Les experts proposent de stratifier le risque d'aggravation clinique ou de lésion intracrânienne selon la classification suivante :
• Risque élevé :
o Éléments anamnestiques : § Troubles de l'hémostase : anticoagulants, bithérapie antiplaquettaire ou maladie hémorragique congénitale (hémophilie, maladie de Willebrand...)
o Éléments cliniques : § Signes cliniques évoquant une fracture de la voûte du crâne ou de la base du crâne. § Score de Glasgow inférieur à 15 à 2 heures du traumatisme sans intoxication § Plus d’un épisode de vomissements § Convulsions post-traumatiques § Déficit neurologique focalisé
• Risque intermédiaire :
o Éléments anamnestiques : § Âge supérieur ou égal à 65 ans avec mono-antiagrégation plaquettaire § Score de Glasgow inférieur à 15 à 2 heures du traumatisme avec intoxication § Traumatisme avec une cinétique élevée (Tableau 3)
o Éléments cliniques : § Amnésie des faits survenus plus de 30 min avant le traumatisme
R2.2.1
- Les experts proposent de réaliser un dosage sanguin de la protéine S100 Bêta, lorsque celui-ci est disponible, dans les 3 h suivant le traumatisme crânien léger, chez les patients à risque intermédiaire (cf. R2.1) pour limiter le nombre de scanners cérébraux.
R2.2.2
- Les experts proposent de réaliser un dosage sanguin combinant UCH-L1 et GFAP lorsque ceux-ci sont disponibles, dans 12 heures suivant le traumatisme crânien léger, chez les patients à risque intermédiaire (cf. R2.1) pour limiter le nombre de scanners cérébraux.
Question 2.3 : Quel est le délai optimal de réalisation de la TDM cérébrale pour exclure une lésion intracrânienne ?
R2.4
- Les experts proposent de réaliser une TDM cérébrale le plus précocement possible pour identifier les lésions intracrâniennes significatives, chez les patients présentant un TCL:
• Idéalement dans l’heure suivant l’admission en structures des urgences pour les patients à risque élevé d’aggravation clinique ou de lésion intracrânienne.
• Au plus tard dans les huit heures pour les patients à risque intermédiaire d’aggravation clinique ou de lésion intracrânienne.
Question 2.4 : Quelle est la performance du Doppler transcrânien dans l’évaluation du risque d’aggravation neurologique des patients ?
R2.3 :
- Les experts proposent de réaliser, après un scanner cérébral anormal, un Doppler Transcrânien chez les patients traumatisés crâniens légers pour évaluer le risque d'aggravation neurologique précoce.
Question 2.5 : Parmi les patients présentant une lésion intracrânienne sur la TDM initiale, quels sont ceux qui doivent bénéficier d’une imagerie cérébrale de contrôle dans les 48 premières heures ?
R2.5 :
- Les experts proposent de ne pas réaliser d’imagerie de contrôle aux patients présentant une lésion intracrânienne sur la TDM initiale, en dehors des situations suivantes :
• aggravation neurologique ;
• patient âgé de plus de 65 ans ;
• troubles de l’hémostase, en dehors de la prise d’aspirine seule.
Question 2.6 : Chez un patient traité par anticoagulant oral (AOD, AVK), quelles sont les indications et modalités de réversion de ces thérapeutiques ?
R2.6.1 :
- Les experts proposent de réaliser une réversion immédiate des anti-vitamine K chez les patients présentant une lésion hémorragique intracrânienne objectivée par une imagerie après un traumatisme crânien léger pour limiter le risque d’aggravation neurologique.
R 2.6.2 :
- Les experts proposent de réaliser une réversion immédiate des anticoagulants oraux directs chez les patients présentant une lésion hémorragique intracrânienne objectivée par une imagerie après un traumatisme crânien léger pour limiter le risque d’aggravation neurologique.
R2.6.3 – Les experts proposent de discuter la conduite à tenir de façon collégiale chez les patients porteurs d’une valve cardiaque mécanique.
Question 2.7 : Chez un patient traité par agent antiplaquettaire oral, quelles sont les indications et modalités de neutralisation de cette thérapeutique ?
R2.7 :
- Les experts proposent de ne pas neutraliser l’aspirine chez un patient traité par aspirine avec lésion hémorragique intracrânienne après un traumatisme crânien léger pour limiter le risque d’aggravation neurologique.
Question 2.8 : Quels sont les critères permettant d’envisager le retour à domicile depuis la structure des urgences ?
R2.8 :
- Les experts proposent d’autoriser un retour à domicile des patients depuis la structure des urgences même en présence d’anticoagulants ou d’agents antiplaquettaires si au moins un de ces éléments est présent :
- Le patient est à faible risque de saignement (cf. R2.1)
- Le dosage d’un biomarqueur sérique est négatif
- La TDM initiale ne retrouve pas de saignement
Question 3.1 : Quels sont les patients qui doivent être orientés dans une filière de soins post traumatisme crânien ?
R3.1 :
- Les experts proposent que la persistance de symptômes jugés invalidants par le patient au-delà de 7 jours après le traumatisme doit amener à une évaluation médicale.
Question 3.2 : Quelles modalités d’informations doivent être délivrées aux patients TCL lors de la sortie des urgences ?
R3.2 :
- Les experts proposent que les patients présentant un TCL traité en ambulatoire, et le cas échéant leur entourage, bénéficient d’une information éclairée écrite et orale standardisée sur les motifs devant amener à reconsulter aux urgences dans les 48 heures suivant le retour à domicile.
RECOMMANDATIONS 2016 DE LA SOCIÉTÉ FRANÇAISE D’ANESTHÉSIE ET DE RÉANIMATION SFAR.
Prise en charge des traumatises crâniens graves a la phase précoce (24 premières heures)
CONCLUSIONS :
Modalités de la prise en charge du traumatisme crânien grave:
Voir également notre article : Traumatisme crânien : conduite pratique
Mise à jour 2022
La Société européenne de chirurgie vasculaire (ESVS) a élaboré une série de directives de pratique clinique pour la prise en charge des patients atteints de maladies vasculaires. Leur objectif est d'aider les cliniciens à sélectionner les meilleures stratégies de gestion pour obtenir des résultats optimaux pour les patients.
Ce sont les premières lignes directrices de l'ESVS sur la thrombose veineuse. En 2017, le comité des lignes directrices de l'ESVS a lancé un processus d'élaboration de ces lignes directrices. Le présent document d'orientation traite de la thrombose veineuse profonde (TVP) aiguë du membre inférieur (sauf indication contraire), de la TVP du membre supérieur, de la thrombose veineuse superficielle (TVS) et de la thrombose dans des sites inhabituels. Le document de ligne directrice couvre également des sujets en plus des traitements, y compris les enquêtes et l'économie de la santé, et comprend des populations particulières de patients.
Le sujet de la thrombose veineuse est vaste et, par conséquent, le champ d'application de la directive a été limité aux affections et situations susceptibles d'être couramment rencontrées par les équipes cliniques/utilisateurs finaux prenant en charge des patients atteints de thrombose veineuse et d'autres personnes exposées à cette affection. De plus, toutes les directives récentes ont pris en compte le point de vue du patient.
Synthèse des recommandations :
THROMBOSE VEINEUSE PROFONDE DES MEMBRES INFERIEURS :
1. En cas de suspicion de TVP, une évaluation une évaluation de la probabilité clinique pré-test est recommandée comme faisant partie de la démarche diagnostique. Remarque : dans ces recommandations la probabilité clinique pré-test utilise le score de Wells modifié avec 2 catégories (probable = forte probabilité et peu probable = probabilité faible).
2. Tous les professionnels de santé impliqués dans le diagnostic de TVP devraient utiliser un algorithme diagnostic validé.
3. Pour les patients suspects de TVP requérant/ nécessitant une imagerie, l’échographie ultrasonore est recommandée en première intention.
4. Pour les patients suspects de TVP avec une haute probabilité clinique et une échographie de compression négative, une nouvelle évaluation échographique doit être considérée après 5 à 7 jours.
5. Chez les patients suspects de TVP proximale pour lesquels l’échographie n’est pas concluante ou non réalisable, une phlébographie par TDM ou une phlébographie par IRM ou une phlébographie doit être considérée.
6. Lors de la réalisation d'une échographie chez des patients suspects de TVP du mollet, une exploration ultrasonore complète du membre est recommandée.
7. Pour les patients présentant une TVP, une recherche systématique d’EP occulte en l’absence de symptômes n’est pas recommandée.
8. Chez les patients porteurs d’une TVP non provoquée, pour la recherche d’un cancer occulte, l’examen clinique et un dépistage spécifique selon le sexe, sont conseillés par rapport à un dépistage systématique extensif.
9. Chez les patients porteurs d’une TVP provoquée, la recherche de thrombophilie n’est pas recommandée.
10. Chez les patients porteurs d’une TVP non provoquée, la recherche systématique de thrombophilie héréditaire n’est pas recommandée.
11. Chez les patients porteurs d’une TVP non provoquée avec des antécédents de MTEV familiale au 1er degré, la recherche d’une thrombophilie héréditaire doit être prise en considération.
12. Chez les patients porteurs d’une TVP non provoquée, la recherche d’anticorps antiphospholipides doit être considérée si la décision de stopper l’anticoagulation est envisagée.
13. Pour la plupart des patients avec TVP, une gestion ambulatoire est recommandée.
14. Chez les patients présentant une TVP proximale provoquée avec un facteur de risque transitoire majeur, un traitement anticoagulant de 3 mois est recommandé plutôt qu’un traitement de plus courte durée.
15. Chez les patients présentant une TVP proximale provoquée avec un facteur de risque transitoire majeur, un traitement anticoagulant d’une durée de 3 mois devrait être considéré plutôt qu’une durée de 6 mois ou plus.
16. Chez les patients présentant une TVP proximale provoquée, un traitement par AOD est recommandé plutôt qu’un traitement par AVK, dans la phase principale du traitement.
17. Chez certains patients présentant une TVP proximale provoquée avec un facteur de risque permanent/persistant autre que le cancer, une anticoagulation de plus de 3 mois doit être envisagée après évaluation des risques thrombotiques et hémorragiques, avec ré-évaluation périodique.
18. Chez certains patients présentant une TVP proximale provoquée avec un facteur de risque transitoire mineur, une anticoagulation de plus de 3 mois peut être envisagée, après une évaluation des risques thrombotiques et hémorragiques avec une ré-évaluation périodique.
19. Chez les patients présentant une TVP proximale non provoquée, un traitement par des AOD est recommandé plutôt qu’un traitement par HBPM relayé par des AVK en phase principale du traitement.
20. Chez les patients présentant une TVP non provoquée, une ré-évaluation du risque hémorragique est recommandée avant de poursuivre l’anticoagulation au-delà de 3 mois.
21. Pour les patients présentant une TVP proximale non provoquée, qui présentent un risque de saignement faible ou modéré, une anticoagulation prolongée au-delà de 3 mois est recommandée, avec ré-évaluation périodique du risque hémorragique.
22. Pour les patients présentant une TVP proximale non provoquée et qui nécessitent une anticoagulation prolongée au-delà de 3 mois, le traitement par des AOD doit être envisagé plutôt que par des AVK.
23. Pour les patients présentant une TVP proximale non provoquée et qui nécessitent une anticoagulation prolongée au-delà de 6 mois, mais pas considérés comme à très haut risque de récidive, l’utilisation d’une dose réduite d’AOD Apixaban (2,5 mg x 2/jour) ou rivaroxaban (10 mg x 1/jour) devrait être considérée.
24. Pour les patients présentant une TVP non provoquée, l’aspirine n’est pas recommandée pour un traitement antithrombotique prolongé.
25. Pour les patients présentant une TVP, une exploration ultrasonore complète du membre peut être envisagée à la fin de l’anticoagulation pour déterminer le nouveau statut anatomique.
26. Pour les patients présentant un deuxième épisode ou un épisode ultérieur de TVP non provoquée, un traitement anticoagulant prolongé au-delà de 3 mois est recommandé.
27. Pour les patients avec une TVP et candidats potentiels à une anticoagulation prolongée, l’obstruction veineuse résiduelle en échoDoppler et/ou le taux de DDimères peuvent être pris en compte dans le processus décisionnel.
28. Pour les patients avec une TVP proximale qui présentent des contre-indications à l’anticoagulation pendant la phase initiale ou principale du traitement, la mise en place d’un filtre temporaire dans la veine cave inférieure est recommandée.
29. Chez les patients sous anticoagulant pour une TVP, l’utilisation courante d’un filtre cave inférieur n’est pas recommandée.
TVP MEMBRES SUPÉRIEURS :
TVP ET GROSSESSE :
Réference :
Stavros K. Kakkos & al : European Society for Vascular Surgery (ESVS) 2021 Clinical Practice Guidelines on the Management of Venous Thrombosis. Eur J Vasc Endovasc Surg (2021) 61, 9e82 - DOI:https://doi.org/10.1016/j.ejvs.2020.09.023
En ligne : Guidelines thromboses, Société Européenne de Chirurgie Vasculaire
Voir aussi sur notre site : Maladie veineuse thromboembolique, recommandations 2019
Prise en charge du patient adulte à présentation psychiatrique dans les structures d’urgences - Recommandations de Bonne Pratique Clinique
Mars 2021 : Société Française de Médecine d’Urgence SFMU
Les Structures d’urgences (SU) sont une porte d’entrée dans les soins pour les patients à présentation psychiatrique (et notamment les patients suicidaires). Or, le vécu et le contenu du passage aux urgences peut avoir des conséquences importantes sur la continuité des soins. Il est donc important d’émettre des recommandations de bonne pratique sur la prise en charge des patients à présentation clinique psychiatrique dans les SU.
Pour ce faire, les experts se sont intéressés à neuf thématiques pour la prise en charge de ces patients :
1. Prise en charge pré hospitalière ;
2. Circuit au sein des SU ;
3. Évaluation somatique initiale ;
4. Surveillance et orientation ;
5. Particularité du patient âgé ;
6. Cas de l’intoxication médicamenteuse volontaire ;
7. Patient alcoolisé avec propos suicidaires ;
8. Gestion de l’agitation (contention, médicaments)
9. Implications réglementaires.
Lignes directrices 2020 en matière de RCR (Réanimation Cardio Respiratoire) et de SUC (Soins d'Urgence Cardiovasculaire) d'après les recommandations de la AHA.
Malgré les progrès récents, moins de 40 % des patients bénéficient d’une RCR pratiquée par un secouriste non professionnel et moins de 12 % reçoivent un choc administré à l’aide d’un DEA avant l’arrivée des SMU (services mobiles d'urgence).
Soins immédiats et avancés en réanimation chez l'adulte :
Les recommandations en matière de soins immédiats en réanimation (SIR) et de soins avancés en réanimation cardiovasculaire (SARC) sont combinées dans les lignes directrices 2020.
Voici certaines des principales modifications apportées :
• Les algorithmes et les aides visuelles améliorés sont des outils faciles à utiliser dans les cas nécessitant des SIR et une réanimation en SARC.
• L’importance de la pratique précoce de la RCR par les secouristes non professionnels a été de nouveau soulignée.
• Les recommandations précédentes concernant l’administration d’adrénaline ont été réaffirmées, l’accent étant mis sur l’administration précoce.
• L’utilisation d’une rétroaction audiovisuelle en temps réel est suggérée comme moyen de maintenir la qualité de la RCR.
• La mesure en continu de la tension artérielle et du dioxyde de carbone (CO2) expiré pendant la réanimation en SARC pourrait être utile pour améliorer la qualité de la RCR.
• Sur la base des preuves les plus récentes, l’utilisation systématique de la double défibrillation séquentielle n’est pas recommandée.
• L’accès intraveineux (IV) est la voie privilégiée pour l’administration des médicaments pendant la réanimation en SARC. L’accès intraosseux (IO) est acceptable si l’accès IV est impossible.
• La prise en charge du patient après le retour à la circulation spontanée (RCS) nécessite une attention particulière en ce qui concerne l’oxygénation, le contrôle de la tension artérielle, l’évaluation de l’intervention coronarienne percutanée, le contrôle ciblé de la température et la neuropronostication multimodale.
• Puisque le rétablissement suivant un arrêt cardiaque se poursuit bien après l’hospitalisation initiale, les patients doivent bénéficier d’une évaluation et d’un soutien formels pour leurs besoins physiques, cognitifs et psychosociaux.
• Après une réanimation, une séance de verbalisation entre les secouristes non professionnels, les dispensateurs de SMU et le personnel soignant en milieu hospitalier peut être utile pour préserver la santé mentale et le bien-être de ces intervenants.
• La prise en charge de l’arrêt cardiaque pendant la grossesse se concentre sur la réanimation de la mère, ainsi que sur la préparation à une césarienne périmortem précoce si nécessaire pour sauver le nourrisson et améliorer les chances de réanimation de la mère.
Soins immédiats et avancés en réanimation pédiatrique :
Résumé des principaux enjeux et des principales modifications
En dépit de l’augmentation du taux de survie et du taux relativement acceptable de résultat neurologique favorable après un ACIH pédiatrique, le taux de survie suivant un ACEH demeure faible, en particulier chez les nourrissons. Les recommandations en matière de soins immédiats en réanimation pédiatrique (SIRP) et de RCR chez les nourrissons, les enfants et les adolescents ont été combinées avec celles concernant les soins avancés en réanimation pédiatrique (SARP) en un seul document dans les lignes directrices 2020.
Les causes de l’arrêt cardiaque chez le nourrisson et l’enfant diffèrent de celles de l’arrêt cardiaque chez l’adulte, et un nombre croissant de données spécifiques à la pédiatrie viennent étayer ces recommandations.
Voici les enjeux principaux, les changements importants et les améliorations des lignes directrices 2020 :
• Les algorithmes et les aides visuelles ont été révisés afin d’intégrer les meilleures données scientifiques et de fournir des précisions pour les dispensateurs de SIRP et de SARP.
• En raison des nouvelles données disponibles sur la réanimation pédiatrique, la fréquence recommandée de la ventilation assistée a été portée à 1 ventilation toutes les 2 à 3 secondes (de 20 à 30 ventilations par minute), et ce, peu importe le scénario de réanimation pédiatrique.
• Les tubes endotrachéaux avec ballonnet sont suggérés pour réduire les fuites d’air et éviter d’avoir à changer de tube chez les patients de tout âge qui doivent être intubés.
• L’utilisation systématique de la pression cricoïde pendant l’intubation n’est plus recommandée.
• Afin de maximiser les chances d’obtenir de bons résultats à la réanimation, l’adrénaline doit être administrée le plus rapidement possible, idéalement dans les 5 minutes suivant le début de l’arrêt cardiaque en cas de rythme non défibrillable (asystolie et activité électrique sans pouls).
• Chez les patients à qui l’on a mis en place un cathéter intra-artériel, la rétroaction obtenue par la mesure continue de la tension artérielle peut contribuer à améliorer la qualité de la RCR.
• Après le RCS, on doit évaluer le risque de convulsions chez le patient; l’état de mal épileptique et les crises convulsives doivent être traités.
• Puisque le rétablissement suivant un arrêt cardiaque se poursuit bien après l’hospitalisation initiale, les patients doivent bénéficier d’une évaluation et d’un soutien formels pour leurs besoins physiques, cognitifs et psychosociaux.
• Une approche graduelle de la gestion des fluides, avec des perfusions d’adrénaline ou de noradrénaline si des vasopresseurs s’avèrent nécessaires, est appropriée dans le cas d’une réanimation suivant un choc septique.
• Sur la base, en grande partie, d’une extrapolation à partir de données obtenues auprès d’adultes, la réanimation contrôlée à l’aide de produits sanguins est raisonnable chez les nourrissons et les enfants en état de choc hémorragique.
• La prise en charge d’un surdosage d’opioïdes implique la RCR et l’administration rapide de naloxone par les secouristes non professionnels ou les secouristes qualifiés.
• Le risque d’arrêt cardiaque est élevé chez les enfants atteints d’une myocardite aiguë et présentant une arythmie, un bloc cardiaque, des modifications du segment ST ou un faible débit cardiaque. Le transfert précoce vers une unité de soins intensifs est important, et certains patients peuvent avoir besoin d’une assistance circulatoire mécanique ou d’une assistance respiratoire extracorporelle (AREC).
• Les nourrissons et les enfants présentant une cardiopathie congénitale et ceux n’ayant qu’un seul ventricule et qui sont en voie de subir une reconstruction par étapes nécessitent une attention particulière lors de la prise en charge en SARP.
• La prise en charge de l’hypertension pulmonaire peut comprendre le recours à l’oxyde nitrique inhalé, à la prostacycline, à des analgésiques, à la sédation, à un blocage neuromusculaire, à l’induction d’une alcalose ou à un traitement de secours par AREC.
Pour en savoir plus :
- Article Circulation 20 octobre 2020 - Volume 142, Numéro 16_suppl_2
Lignes directrices 2020 de l'American Heart Association pour la réanimation cardio-pulmonaire et les soins cardiovasculaires d'urgence
- Site Fondation des maladies du cœur et de l’AVC du Canada (En PDF) : Lignes directrices 2020 en matière de RCR et de SUC
- Directives 2021 de l’European Resuscitation Council traduction française Belgian Resuscitation Councel
- Diaporamo pratique : la réanimation de base, Conseils Européen et Belge Réanimation
L'European Resuscitation Council a émis, en octobre 2015, ses recommandations sur la prise en charge de l'arrêt cardiaque. Les messages clés à retenir sont :
- Adrénaline 1 mg en IVD toutes les 3 à 5 minutes si asystolie, puis après le 3ème et le 5ème choc électrique externe (CEE) si fibrillation.
- Amiodarone (Cordarone) 300 mg IVD après le 3ème CEE, à renouveler si besoin après le 5ème CEE à la dose de 150 mg si fibrillation réfractaire.
- Atropine et Vasopressine n'ont plus leur place dans la réanimation d'un ACR.
POINTS SAILLANTS de la mise à jour 2015 des Lignes directrices en matière de réanimation cardiorespiratoire (RCR). Édition de la Fondation des maladies du cœur
Prise en charge du brûlé grave à la phase aiguë chez l’adulte et l’enfant - Recommandations de Pratiques Professionnelles
Société Française d'Anesthésie Réanimation (SFAR) en association avec la Société Française de Brûlologie (SFB), la Société Française de Médecine d’Urgence (SFMU), l' Association des Anesthésistes Réanimateurs Pédiatriques d’Expression Française (ADARPEF) – 2019
Il n’existe pas de définition officielle de la brûlure grave. Les experts proposent de distinguer le “brûlé grave à risque vital” et le “brûlé grave à risque fonctionnel”. Cette recommandation comprend comme définition du brûlé grave à risque vital et/ou fonctionnel :
Chez l’adulte :
Chez l’enfant :
RECOMMANDATIONS :
- Les experts suggèrent d’utiliser la méthode standardisée de Lund et Browder (adulte ou pédiatrique) pour évaluer la surface cutanée brûlée.
- Les experts suggèrent de requérir sans délai à un avis spécialisé en cas de brûlure grave, afin d’envisager une hospitalisation dans un Centre de Traitement des Brûlés.
- Les experts suggèrent de réaliser une escarrotomie [ou incision de décharge] si la brûlure profonde induit une hyperpression compartimentale des membres ou du tronc compromettant la liberté des voies aériennes, la ventilation et/ou la fonction circulatoire; idéalement dans un Centre de Traitement des Brûlés par un praticien expérimenté.
- Les experts suggèrent d’administrer 20 mL/kg d’une solution cristalloïde intraveineuse dans la première heure de prise en charge d’un brûlé avec une surface cutanée brûlée ≥ 20% chez l’adulte et ≥ 10% chez l’enfant.
- Les experts suggèrent l’utilisation des solutions cristalloïdes balancées [Ringer Lactate et soluté de Hartmann] dans la prise en charge du brûlé grave.
- Les experts suggèrent d’utiliser une formule d’estimation du remplissage initial des brûlés intégrant au minimum le poids et la surface cutanée brûlée pour définir les apports initiaux (au-delà de la première heure) en solutés cristalloïdes.
- Les experts suggèrent d’utiliser l’administration d’albumine humaine chez les patients brûlés graves avec une surface cutanée brûlée supérieure à 30%, au-delà des 6 premières heures de prise en charge.
- Les experts suggèrent de ne pas intuber systématiquement un patient avec une brûlure du visage ou du cou.
- Les experts suggèrent de réserver l’administration d’HYDROXOCOBALAMINE aux cas d’inhalation de fumées d’incendies avec suspicion élevée d’intoxication majeure aux cyanures chez l’adulte ou d’intoxication modérée chez l’enfant. [Ainsi l’administration d’HYDROXOCOBALAMINE (70 mg.kg-1, maximum 5 g) est recommandée en préhospitalier dans le contexte d’inhalation de fumées, devant des signes d’intoxication modérée (score de Glasgow ou GCS ≤ 13, confusion, stridor, voix rauque, polypnée, dyspnée particules de suie dans les voies aériennes) à sévère (GCS ≤ 8, convulsions, coma, mydriase, troubles hémodynamique graves, collapsus, dépression respiratoire)].
- Les experts suggèrent d’utiliser la KÉTAMINE par voie intraveineuse en titration pour traiter les douleurs intenses induites par la brûlure, en association avec d’autres antalgiques.
TRAITEMENT LOCAL :
- Les experts suggèrent de refroidir les brûlures des patients avec une surface cutanée brûlée <20% chez l’adulte et <10% chez l’enfant, et en l’absence d’état de choc.
- Les experts suggèrent de couvrir les zones brûlées dès la phase initiale dans l’objectif de limiter l’hypothermie et le risque de contamination microbienne jusqu’à l’obtention d’un avis spécialisé. [Cette concertation permettra notamment de préciser si les phlyctènes doivent être mises à plat ou excisées, et de choisir le type de pansement le plus adapté.]
- Les experts suggèrent de ne pas administrer d’antibioprophylaxie systémique chez le patient brûlé en dehors de la période périopératoire.
TRAITEMENT AUTRES :
- Les experts suggèrent de débuter un support nutritionnel dans les 12 heures suivant la brûlure, en privilégiant la voie orale ou entérale à la voie parentérale.
- Les experts suggèrent d’administrer une thromboprophylaxie à la phase initiale chez le brûlé grave.
CATÉGORISATION DES BRÛLURES GRAVES CHEZ L’ADULTE :
Grade A - Grand brûlé « + » :
? PAS < 90 mm Hg malgré la réanimation hémodynamique
? Nécessité de transfusion préhospitalière
? Détresse respiratoire aiguë et/ou ventilation mécanique difficile avec une SpO2 < 90%
Grade B - Brulé grave :
? Surface cutanée brûlée (SCB) > 20%
? SCB du troisième degré > 5%
? Syndrome d’inhalation de fumées
? Localisation à risque fonctionnel profonde : face, mains, pieds, périnée
? Brûlure électrique haut voltage
Grade C - Brûlé à risque de complications :
? SCB < 20% MAIS :
- Terrain particulier : âge >75 ans, comorbidités sévères.
- Inhalation de fumées suspectée ou avérée
- Brûlure circulaire profonde
- Localisation à risque fonctionnel superficielle : face, mains, pieds, périnée, plis.
? SCB > 10%
? SCB du troisième degré entre 3 et 5%
? Brûlure électrique bas voltage, Brûlure chimique (acide fluorhydrique)
Grade D - Brûlé non grave :
? Brûlure thermique SCB second degré < 10% et SCB troisième degré < 3%
? Et absence de terrain particulier
? Et absence de brûlure circulaire
? Et absence de localisation à risque fonctionnel profonde : face, mains, pieds, périnée
CATÉGORISATION DES BRÛLURES GRAVES CHEZ L’ENFANT :
Grade A - Grand brûlé « + » :
? Instabilité hémodynamique persistante malgré la réanimation
? Nécessité de transfusion préhospitalière
? Détresse respiratoire aiguë et/ou ventilation mécanique difficile avec une SpO2 < 90%
Grade B - Brulé grave :
? Surface cutanée brûlée (SCB) > 10%
? SCB du troisième degré >5%
? Nourrisson < 1 an
? Comorbidités sévères
? Syndrome d’inhalation de fumées
? Localisation à risque fonctionnel profonde : face, mains, pieds, périnée, plis de flexion
? Brûlure circulaire
? Brûlure électrique ou chimique
Grade C - Brûlé à faible risque de complications :
? SCB entre 5 et 10%
? Et nourrisson / enfant > 1 an
Grade D - Brûlé non grave :
? Brûlure thermique SCB second degré < 5%
? Et nourrisson / enfant > 1 an
? Et absence de terrain particulier
? Et absence de brûlure circulaire
? Et absence de localisation à risque fonctionnel
Lisez ces recommandations et la fiche synthèse : site de SFAR
Lisez notre article : Brulures graves (thérapeutique)
Synthèse par efurgences